Ce ne fut qu’un répit, juste le temps de re-fourbir les armes, recharger les batteries et ouvrir un autre front. Trouver également un alibi solide et un champ de bataille fait partie de la stratégie.
C’est qu’en réalité, la guerre entre Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, et Alassane Ouattara, président de la République, à travers leurs différents lieutenants au sein de la case des républicains, passe pour être une réalité inévitable. Les désaccords, voire les inimitiés, sont si profonds qu’ils présagent d’une bataille à mort entre ces deux camps qui se regardent en chiens de faïence depuis plusieurs mois. Illustrations.
Dans sa dernière sortie médiatique, l’ex-ministre Alain Lobognon, député du Rassemblement des républicains (Rdr) et fidèle compagnon de Guillaume Soro, vole dans les plumes du parti au pouvoir. Il dénonce notamment une absence de démocratie et met en garde contre une possible candidature du président Alassane Ouattara pour un 3è mandat en 2020. « Ceux qui poussent le président de la République à vouloir briguer un troisième mandat sont en train de le tromper, parce que les Ivoiriens d’hier ne sont pas les Ivoiriens de demain (…) », se convainc Alain Lobognon dans l’interview accordée à l’agence de presse alerteinfo, lundi 14 mai 2018. Une position partagée et soutenue par la quasi-totalité des pro-Soro.
La réplique à M. Lobognon ne tarde pas. Elle porte la signature de Maïzan Koffi Noël, lui aussi député Rdr, plutôt favorable à la politique menée par le président Ouattara. Dans une déclaration cinglante publiée dans la presse hier jeudi 17 mai 2018, il fustige l’attitude d’Alain Lobognon et l’invite à « revenir à la raison ». « Cher frère, pour exister en politique, tu n’as pas besoin de reprendre, sans discernement, des slogans démagogiques d’une certaine classe politique, fusse pour recruter un électorat pour la cause de ton candidat. Sache qu’une élection se prépare avec un projet de société pertinent et une stratégie de conquête du pouvoir adéquate plutôt qu’à coups de chantages émotionnels ». Ce n’est pas tout. Un autre député du Rdr, en l’occurrence Kando Soumahoro, ne passe pas par quatre chemins pour critiquer sévèrement la gouvernance du président Ouattara. « Le président Alassane Ouattara a échoué parce que le projet de gouvernement qu’il a envoyé n’a pas été appliqué (...) », martèle-t-il dans les colonnes du confrère Soir Info du mercredi 16 mai 2018. Il soulève, comme justificatifs, les problèmes liés à l’école, la mévente des produits agricoles, le chômage des jeunes. « C’est pendant son mandat que la majeure partie des jeunes va à l’aventure ».
Charles Gnahoré, député de Bouaké commune, très proche du président Ouattara, lui, désapprouve totalement les propos de son collègue Kando. « Ce que nous dénonçons, c’est le fait de dire que le président Alassane Ouattara a échoué », se désole M. Gnahoré (in Soir Info du jeudi 17 mai)...
Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale et Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire