La Côte d’Ivoire a amorcé le grand virage de sa marche sereine vers l’émergence à l’horizon 2020. Depuis bientôt deux ans, le processus de migration vers la Télévision Numérique Terrestre a été mis en route par le gouvernement ivoirien.
Le cadre institutionnel a été mis en place avec la création du Comité National de Migration vers la Télévision Numérique Terrestre (CNMTNT) présidé par le Premier ministre, ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Daniel Kablan Duncan et dont le secrétariat exécutif est assuré par Jean-Philippe Kaboré, conseiller technique du ministre de la Communication, Mme Affoussiata Bamba-Lamine.
«L’ambition de la Côte d’Ivoire est de faire en sorte que le bouquet TNT qui sera disponible, au plus tard le 17 juin 2015, ait un contenu qui soit attrayant et le mieux réalisé de toute l’Afrique», disait le ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication courant 2014 à Abidjan, lors de la 5ème édition du Forum sur la normalisation des télécommunications. Beaucoup d’actions ont été menées depuis lors.
Le document stratégique de la migration vers la TNT a été remis au gouvernement. Le groupe de travail qui a élaboré cette stratégie a défini sept (7) étapes qui s’appuient sur le diagnostic de l’existant et l’analyse de l’environnement de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire.
Il s’agit entre autres de la proposition de normes et standards de la TNT, l’accès facile des ménages aux équipements de réception et l’identification des modes de financement du processus.
Le groupe de travail a relevé dans son document, que le coût financier pour la migration s’élève à environ 32 milliards de francs CFA pour l’infrastructure, quand le coût social, lui, oscille autour de 25,7 milliards de FCFA.
Mais, au regard de l’évolution de l’écosystème audiovisuel qui va connaître un bouleversement avec le passage à la TNT, la Côte d’Ivoire n’est pas concernée par la date du 17 juin 2015 fixée par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), selon le ministre de la Poste, des Technologies de l’Information et de la Communication, Bruno Nabagné Koné.
Le porte-parole du gouvernement a fait cette annonce à l’ouverture de la 4ème conférence des présidents du Réseau francophone des régulateurs des médias, le lundi 15 juin 2015 à Abidjan.
L’état des lieux en Côte d’Ivoire et en Afrique
«Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, je me dois de préciser que notre télévision diffuse en bande VHF et qu’a priori, nous ne sommes pas concernés par le basculement au 17 juin 2015 des télévisions diffusant en bande UHF. Pour autant, nous nous sommes fixés le pari d’entamer le basculement vers le numérique dès cette année, très probablement avant la fin de ce mois de juin, en même temps que nos voisins.
Ce basculement en réalité anticipé, donnera à notre pays une avance importante par rapport au délai de migration de la bande VHF fixée à 2020, tout en lui permettant de profiter immédiatement des nombreux avantages de la diffusion numérique, surtout au moment où s’enclenche en Côte d’Ivoire, le processus de libéralisation du secteur de l’audiovisuel», précise le ministre Bruno Koné Nabagné.
Le processus de migration vers la TNT en Côte d’Ivoire est donc bien avancé. Mme Josiane Monteiro, chef du service communication du Comité National de Migration vers la Télévision Numérique Terrestre (CNMTNT) fait davantage de précisions: «Nous sommes dans un processus qui est certes long, mais nous avons bien avancé.
Les éléments techniques sont déjà en place, le pylône d’Abobo est en train d’être équipé pour le numérique et très bientôt les Ivoiriens constateront ce basculement. Il ne suffit pas seulement d’installer des équipements, il faut aussi que les populations puissent recevoir les images avec les mêmes téléviseurs à tube cathodique ou autres.
Mais elles doivent se munir d’un décodeur qui leur permettra de recevoir ces images numériques. Vu qu’il s’agit d’un nouvel élément dans notre écosystème, les populations devront se munir d’un décodeur et tout cela a un coût. Mais, on ne va pas du jour au lendemain imposer aux populations d’acheter un décodeur, il faut les préparer. C’est dans ce sens qu’une campagne de communication va être lancée sous peu pour expliquer aux populations où elles devront se rendre pour acheter un décodeur...
C’est tout un processus et on ne peut pas imposer aux gens, en ces temps de «sortie de crise», de changer d’équipements et d’habitudes. Nous laissons le temps au temps, d’autant plus que la Télévision numérique terrestre va avec un contenu. Ce sont de nouveaux programmes, de nouvelles chaînes… Mais, nous sommes bien avancés et contrairement aux autres pays et nous sommes techniquement prêts».
Une migration qui va de pair avec la libéralisation de l’espace audiovisuel ivoirien
La libéralisation de l’espace audiovisuel ivoirien a été annoncée de longue date. Ce processus est sur le point d’aboutir avec la migration vers la TNT, d’autant plus que la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) a lancé des appels d’offres.
Mme Monteiro se veut plus précise sur cette question : «Il y a une libéralisation de ces chaînes qui doit être faite, d’où le rôle important de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA).
C’est un processus qui demande énormément de chamboulements dans le paysage tant économique que légal. Mais, nous ne pouvons pas imposer des choses aux populations alors qu’il y a des habitudes de consommation à modifier. Pour diffuser des chaînes sur une antenne, il faut des lois. Le processus de libéralisation est en cours, la HACA a lancé des appels d’offres.
Donc, ce sont des choses qui s’emboîtent les unes après les autres. Mais, nous avons déjà passé la plus grosse étape, puisque nous avons déjà reçu les équipements. Nous sommes maintenant à l’étape dans laquelle il s’agit de proposer du contenu à diffuser aux populations. Nous attendons la libéralisation de l’espace audiovisuel, que les chaînes se mettent en place et après, nous pourrons diffuser.
Le processus est bien engagé, nous en sommes très fiers. On ne peut plus parler de migration. Mais nous sommes déjà dans un processus de basculement. Et il faut que les populations se rassurent. Nous ne faisons que leur apporter quelque chose de bénéfique.
C’est un plus. Voir des images et entendre des sons de meilleure qualité, que peut-on demander de plus ? On garde la même télé, on rajoute un petit décodeur et on a une meilleure qualité d’image et de son. En plus c’est la TNT, la Télévision numérique terrestre de Côte d’Ivoire. C’est tout cela le développement et cela va dans le sens de l’émergence.
Cette migration ne coûtera absolument rien aux contribuables, à part le décodeur dont ils devront se munir. C’est un service qu’on leur offre. Une fois qu’ils ont le décodeur, ils ont droit à un certain nombre de chaînes gratuites, les autres pourront être payantes. Il y a des chaînes interactives, éducatives pour nos enfants, des chaînes de sport… et à long terme, nous envisageons 25 chaînes».
La RTI à l’heure de la révolution numérique
La télévision ivoirienne n’est pas en reste de cette «révolution numérique». Les émissions de la RTI sont visibles dans bien de pays dans le monde et la TNT sera un atout supplémentaire. «La RTI est pratiquement visible dans de nombreux pays dans le monde.
Mais certainement qu’il y a encore des pays qui ne reçoivent pas les images de la RTI. A partir du moment où on a accès à Internet, on peut regarder la RTI. Mais avec la TNT, la RTI sera visible partout dans le monde, parce que ce sera désormais la Télévision Numérique Terrestre.
C’est un projet universel, puisque c’est l’Union Internationale des Télécommunications qui nous demande ce passage au numérique, de sorte que tout le monde entier soit au même niveau en matière de numérique, pour faciliter les échanges. C’est presqu’un passage obligatoire, c’est le prix à payer pour le développement», confie Mme Monteiro.
Olivier Dion
Photo:Ministère / Le ministre Bruno Koné a participé à l'ouverture de la 4e conférence des présidents du REFRAM