Quand chacun s’arc-boute à sa raison, c’est le dialogue de sourds. En pareille situation, les discussions avancent difficilement, si elles ne sont pas totalement bloquées. La guerre des clans au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) campe éloquemment cette situation d’incompréhension mutuelle. Si bien que le front est nettement tracé aujourd’hui, là où l’on a pensé que la passe d’armes entre le président de la Jeunesse du Pdci, Kouadio Konan Bertin dit KKB, et celui de cette formation politique, Henri Konan Bédié, allait prendre fin dans un conciliabule. Que non. Entre le KKB et son « père » Bédié, plus rien ne va. Non seulement cela, les médiations officielles et souterraines initiées pour les rapprocher ont tourné court, laissant prospérer leur différend. Le ‘’plus vieux‘’ parti du pays s’en trouve sérieusement divisé. KKB met en cause les 79 ans de Bédié.
Lui, affirme être « jeune-vieux », donc capable de tenir pour cinq ans encore les rênes de sa famille politique. La divergence appelle de réactions tranchées. Militants, sympathisants et même juristes en disent un mot. La conséquence de cette foire aux arguments, c’est que les rangs rivaux ne cessent de grossir. Ce qui signifie que la divergence s’amplifie aussi… Avec elle, la passion et le risque d’implosion. Des signes avant-coureurs d’un clash étaient d’ailleurs perceptibles mardi soir, au siège du Pdci, à Cocody. Des militants jouant les gorilles postés çà et là autour d’une réunion d’urgence, ont donné l’impression que le pire était à redouter. Cette méfiance aux allures de vigilance accrue plante le décor d’une situation tout aussi délétère autour d’un autre duel. Celui-là oppose le secrétaire général, Djédjé Mady, à son adjoint chargé à la mobilisation, Maurice Kacou Guikahué.
Ce dernier estime que le fauteuil de l’autre est vide depuis qu’il s’est déclaré candidat à la succession du président du parti. Déniant désormais le titre et les pouvoirs que confèrent les textes à Mady, Guikahué entend lui barrer la route. D’où la convocation que celui-ci a signée, il y a trois jours, dans le cadre d’une réunion du secrétariat général extraordinaire. Pour les pro-Mady, aussi favorables à KKB, Guikahué a achevé un coup d’Etat, les textes ne lui autorisant pas, disent-ils, d’initier une telle rencontre. Assurément, Guikahué ne va pas s’arrêter à ce que les partisans de Mady qualifient de passage en force. Ni Bédié, ni KKB, encore moins Mady ne feront pareil. Autant dire que chacun poursuit son bonhomme de chemin, dans le secret espoir de se faire une place au soleil, dans parti où leur cohabitation semble devenue problématique.
Bidi Ignace
Pdci : le point de non retour - Photo à titre d'illustration