Depuis le dernier congrès du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), de nombreuses voix s’élèvent pour exhorter au respect de notre engagement collectif à proposer aux Ivoiriens un projet d’avenir porté par un candidat à la présidence de la République issu de nos rangs.
À près de soixante-dix ans d’Histoire et d’autant d’expérience, le PDCI-RDA conserve sa capacité d’imagination.
Notre formation possède un vivier de cadres opérationnels capables de mettre en œuvre l’ambition d’une nouvelle politique économique et sociale pour notre pays. Une politique qui vise à garantir un climat de paix et à promouvoir, davantage que nous ne l’avons fait jusqu’ici, le respect des droits économiques et sociaux, la protection des libertés publiques, la promotion de la sécurité humaine.
Une politique qui apporte des réponses cohérentes aux défis du monde contemporain caractérisés en premier lieu, dans notre région, par le risque sécuritaire.
Une politique du dialogue, de la conciliation, de la paix sociale négociée, comme notre formation a su en mener dans le passé, sous l’impulsion du président Houphouët-Boigny.
Une politique centrée sur la construction du citoyen par la formation, la valorisation du patrimoine culturel, l’articulation entre éducation et emploi des jeunes, la resocialisation des seniors à faibles revenus.
Une politique d’adaptation aux nouveaux enjeux socio-économiques, au plus près des besoins des populations, ce qui induit une conception sociétale solidaire vis-à-vis des plus fragiles.
En un mot une politique de redressement, de consolidation, de revalorisation de l’État nécessaire à la Côte d’Ivoire.
Le PDCI-RDA se doit de reconstruire la politique d’insertion humaine et de rassemblement démocratique qui nous fait tellement défaut par ces temps fragiles. Notre passé plaide pour nous. Même si la politique de reconstruction est également à inscrire à notre actif, nous ne pouvons pas continuer à nous abriter derrière des chiffres performants quand certains de nos partenaires financiers, la Banque Mondiale elle-même, nous mettent en garde en nous indiquant que « l’embellie économique cache encore des poches d’inégalités sociales et des courbes de chômage ».
Notre politique doit veiller à accompagner, en la règlementant, l’économie populaire qui est encore pour beaucoup le seul moyen de survie.
Notre politique doit rompre avec la fâcheuse tendance à la patrimonialisation de la chose publique. Car affaiblir l’État, ses institutions, ses structures, ses services, c’est se mettre en danger. Il faut avoir conscience que sur notre continent, l’État-nation demeure la forme optimale d’encadrement et de protection d’un entreprenariat qui concourt à la réalisation de l’idéal républicain.
Tous les jours en Côte d’Ivoire, les travailleurs expriment leur nostalgie du pacte de concorde houphouétien. Les Ivoiriens, comme ils disent, cherchent Houphouët-Boigny « avec torche en plein midi ». Sa célèbre pensée « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu » revêt pour nous, plus que jamais, la charge d’une prophétie. Les Ivoiriens veulent en majorité voir rétabli leur droit légitime de vivre en société les uns avec les autres, plutôt que de perpétuer l’opposition stérile des uns contre les autres. Les dernières décennies ont vu progressivement se constituer une Côte d’Ivoire sortie d’elle-même, une Côte d’Ivoire fragile, qui peine à se retrouver dans ses institutions, à se reconnaître dans ceux qui la représentent.
Une Côte d’Ivoire qui ne se sent pas concernée par notre destin commun. Une Côte d’Ivoire d’à côté, qu’il nous faut ramener à elle-même, qu’il nous faut rassembler.
Nous devons, pour ce faire, sortir de la culture du clivage systématique et de l’état de tension permanente dans lesquels nous nous trouvons, et travailler inlassablement à réconcilier la Côte d’Ivoire avec elle-même. La Côte d’Ivoire doit redevenir pour chacun notre Côte d’Ivoire, une Côte d’Ivoire ensemble, une Côte d’Ivoire pour tous.
C’est enfin rassemblés que nous pourrons faire face à la société du risque sécuritaire. La crise ouverte par les revendications éclatées des « sans matricules » de nos forces armées illustre notre situation de fragilité en dépit des efforts engagés par le gouvernement pour réformer le secteur de la sécurité. Il nous faudra amplifier ces efforts pour que notre pays redevienne la terre de fraternité qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
Alors que nous commémorons, ce 7 décembre, le vingt-et-unième anniversaire de la disparition du président Houphouët-Boigny, force est de constater l’actualité de sa vision pour notre pays, pour notre région. Il y a une trentaine d’années, Houphouët-Boigny nous invitait déjà au changement démocratique dans la continuité. Il avait compris la nécessité de la participation sans exclusive de toutes les composantes de la société à la construction nationale. Son approche visionnaire l’avait amené à former le rêve d’unité d’une société multiculturelle portée par le progrès social.
Parti d’Houphouët-Boigny, nous devons, par fidélité à sa mémoire, offrir à notre tour une alternative politique en donnant aux Ivoiriens la possibilité d’un vrai choix. Un choix pour la paix véritable, un choix pour la réconciliation vraie.
Houphouët-Boigny a su, pour son temps, hisser la Côte d’Ivoire à la hauteur de son Histoire et de sa géographie. Il nous a légué un héritage à conserver et à faire fructifier. C’est de cette façon qu’il faut comprendre la demande de rénovation exprimée par les corps intermédiaires de notre parti dont les planteurs se sont faits les plus ardents porte-voix.
J’ai pour ma part entendu positivement leur message de confiance et les remercie vivement de m’avoir désigné pour représenter leur sensibilité et porter en leur nom le projet d’un renouveau houphouétien pour la Côte d’Ivoire.
Je tiens à rendre un hommage particulier au président du PDCI-RDA, le président Henri Konan Bédié, pour son sens de l’unité de notre famille politique dont il a entamé le renouvellement, à la suite du père-fondateur Félix Houphouët-Boigny.
Ensemble, nous pouvons réaliser ce projet d’un renouveau houphouétien pour notre pays, pour la Côte d’Ivoire.
par AMARA ESSY
Ancien ministre des affaires étrangères
Ancien Secrétaire Général de l’OUA
Ancien Président de l’Union Africaine
Président de la 49 e session de l’assemblée générale de l’ONU
Amara Essy, Ancien ministre des affaires étrangères