Là où beaucoup avaient même pensé que la disparition du président Bédié signerait aussi la mort du parti politique qu’il dirigeait.
Passés les malentendus liés à son élection à la tête du vieux parti, le banquier se devait de relever le défi de l’unité, mais aussi de maintenir, à défaut de faire plus, la dynamique qui règne au sein du parti. Une équation qui, pour les plus sceptiques, ne devrait pas être une partie de plaisir pour l’ancien ministre du Plan des années 90. Surtout quand on hérite d’un parti d’une telle renommée et qui a été dirigé des mains de maître par le père-fondateur Félix Houphouët-Boigny lui-même et par Henri Konan Bédié qui y ont laissé une marque indélébile.
Mais, après quelque six mois de gestion de l’héritage laissé par Houphouët-Boigny, l’on peut constater que Tidjane Thiam est en passe d’insuffler une autre dynamique au parti.
D’ailleurs, dans une interview, au lendemain de son élection, il n’a pas manqué de dire : « Vous allez voir un PDCI nouveau, s’appuyant bien sûr sur l’expérience des anciens, des valeurs qui ont fait du PDCI ce qu’il est, mais avec un niveau d’énergie renouvelé et un nouveau dynamisme ».
En effet, après la période des élections, émaillée de quelques incidents, Thiam pour qui « travailler dans la consolidation de l’unité et la cohésion serait un avantage pour la réalisation des défis cruciaux » du parti, a d’abord apaisé les tensions et querelles internes entre factions opposées et a fédéré autour de lui, toutes les forces dans la formation de son équipe.
Comme une sauce savamment concoctée dans laquelle l’on retrouve tous les ingrédients nécessaires, le petit-fils d’Houphouët-Boigny a formé un « gouvernement » où il a fait appel aux anciens, aux femmes pour pousser la jeune génération au combat pour la reconquête du pouvoir.
Une équipe qui, dès sa mise en place, s’est tout de suite mise au travail sous la houlette du nouveau secrétaire exécutif, le jeune Sylvestre Emmou, pour qui son prédécesseur, Maurice Kakou Guikahué, ne tarit pas d’éloges.
L’une des premières actions d’envergure menée est sans doute l’opération d’enrôlement de nouveaux militants initiée le 16 janvier 2024 et qui a enregistré « plus de 8 000 nouveaux adhérents » en un mois, selon le porte-parole, Bredoumy Soumaïla.
Sur le terrain, les équipes bougent en vue de recruter le maximum de militants pouvant lui permettre de reconquérir le pouvoir d’Etat. Des actions qui font dire à plusieurs observateurs de la scène politique ivoirienne que le parti est sur la bonne voie pour la reconquête du pouvoir en 2025.
Toute cette dynamique pourra-t-elle permettre véritablement au PDCI-RDA de revenir aux affaires face au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir) qui, en plus de détenir les rênes du pouvoir exécutif, est majoritaire à l’Assemblée nationale avec 137 sièges, règne sur 123 communes et 25 régions ?
La présidentielle de 2025, c’est dans seulement un peu plus d’un an. Beaucoup de choses peuvent se passer. Attendons donc de voir.
Lambert KOUAME
PDCI-RDA : Tidjane Thiam insuffle une nouvelle dynamique au parti - Photo à titre d'illustration