La Côte d’Ivoire, pays de l’Afrique de l’Ouest, a un réseau routier constitué de 81 996 kilomètres de routes dont 6 514 kilomètres de routes bitumées et 75 482 kilomètres de routes en terre. Elle figure parmi les réseaux routiers les plus importants de la sous-région et rassemble un parc automobile de plus d’un million deux cents mille véhicules.
En dépit de ce dynamisme, le transport terrestre est confronté à des cas de fraude. Environ 33% effectuent le contrôle technique semestriel ou annuel, selon la Direction générale des transports terrestres et de la circulation. En outre, les routes sont également mortelles. Plus de 600 morts et 13 000 blessés causés par des accidents de la circulation sont enregistrés chaque année en Côte d’Ivoire, selon les statistiques officielles. La plupart de ces accidents sont dus en majorité à des facteurs humains et techniques. Pourtant, les réformes instaurées depuis 2014 étaient censées atténuer la fraude qui mine le secteur du transport terrestre et par ricochet avoir un impact sur les accidents de la route.
Le contrôle technique automobile miné par la corruption et la fraude
Des usagers arrivent à obtenir le certificat de contrôle technique sans passer les stations qui couvent pourtant quasiment l'ensemble du territoire national.
Le contrôle technique automobile est un examen qui permet à l’automobiliste de s’assurer que sa voiture est en parfait état de fonctionnement et qu’il ne se met pas en danger en l’utilisant au quotidien. Il porte entre autres sur l'identification du véhicule, le freinage, la direction, les pneus, l’éclairage et la signalisation, la structure carrosserie, la visibilité, la pollution etc.
Conscient qu’un véhicule en circulation et en bon état est le gage d’une sécurité routière, la visite technique automobile pour le contrôle, la vérification du bon état de marche et de l’entretien des véhicules a été rendue obligatoire pour tout véhicule par le gouvernement, conformément à l’article 129 du décret n°2016 -864 du 03 novembre 2016. Elle a également pour but de s’assurer que le véhicule automobile n’a subi aucune transformation susceptible d’avoir modifié ses caractéristiques techniques.
L’état mécanique et la fiabilité des véhicules automobiles contrôlés sont vérifiés au moyen d’équipements automatisés reliés au système informatique du centre de visite technique et à la base de données de l’administration chargée des transports routiers. Ces contrôles sont complétés par des contrôles visuels.
Et, à la fin de la visite technique automobile, un certificat de contrôle technique sécurisé est établi immédiatement, visé par l’agent contrôleur qui l’a effectué et remis à la personne qui présente le véhicule au contrôle technique. Tel est le processus prescrit par le cahier des charges-type relatif à l’organisation de la visite technique automobile des véhicules automobiles.
Par ailleurs, l’activité de visite technique a été libéralisée depuis 2016. Mais cette réforme du contrôle technique automobile a-t-elle réellement permis de mettre fin à la corruption et la fraude qui minent ce secteur ?
Le certificat de contrôle technique, objet de deal
Le certificat de contrôle technique n'est pas toujours délivré selon les normes
Nombreux sont les usagers qui obtiennent le certificat de contrôle technique sans soumettre leurs véhicules à la vérification requise. « Sur recommandation de mon beau-frère, quand je lui ai soumis ma préoccupation de passer, très prochainement, le contrôle technique de mon véhicule, je me suis rendu à Bassam où il exerce comme employé de la SICTA. Une fois là-bas, il est venu avec un appareil pour collecter les informations sur ma voiture, il m’a demandé d’aller à la caisse pour payer les frais relatifs à la visite technique et de patienter juste quelques minutes pour récupérer mon certificat de visite technique. Et c’est ce que j’ai fait. Sans même que mon véhicule ne soit monté sur leurs installations pour le test, j’ai obtenu mon certificat et je suis rentré chez moi », nous confie K.K. Pascal, entrepreneur en Bâtiment. Son témoignage atteste qu'il est possible pour un usager de contourner, avec la complicité de l’agent contrôleur de la station de visite technique, le contrôle technique automobile et obtenir son certificat. Et pourtant l’article 10 du cahier des charges-type relatif à l’organisation de la visite technique automobile des véhicules automobiles est sans équivoque à ce sujet. « Sont considérés comme faux, sans que les énumérations ci-après ne soient exhaustives, les Certificats de Contrôle Technique sécurisé délivrés dans les conditions suivantes : (...) Certificat de Contrôle Technique sécurisé délivré sans présentation du véhicule pour lequel la visite technique automobile était prévue », prescrit ce texte...La suite sur Fratmat.info
Seuls environ 400 mille véhicules effectuent la visite technique sur 1,2 millions en Côte d'Ivoire