L'Etat de Côte d’Ivoire, qui envisage de mobiliser plus de 600 milliards Fcfa (plus de 1 milliard dollars US) pour restaurer le couvert forestier à 20% du territoire d'ici à 2030, a initié mardi à Abidjan un atelier sur les chaînes de valeur durables pour les paysages agro-forestiers.
L’atelier, ouvert par le directeur de Cabinet adjoint du ministère ivoirien des Eaux et forêts, le colonel Martial Mé Kouamé, a regroupé des personnalités et des participants multi secteurs, venus prendre part à ces échanges d’expériences sur la restauration durable de la forêt ivoirienne.
Durant deux jours, les participants se pencheront sur le phénomène du réchauffement climatique, des catastrophes naturelles, de l’appauvrissement des sols et des migrations des populations, des questions en rapport avec la destruction des ressources forestières.
« Le principal défi de la stratégie de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts dont la réalisation des projets devrait mobiliser plus de 600 milliards Fcfa, reste son financement », a indiqué le directeur de Cabinet adjoint du ministère des Eaux et forêts.
« Un milliard de dollars, c’est beaucoup mais c’est peu pour réhabiliter la forêt ivoirienne (…) mais pour la stratégie bâtie, on a besoin de 616 milliards de Fcfa pour réhabiliter la forêt sur les dix prochaines années », a confié à la presse le colonel Martial Mé Kouamé.
Pour mobiliser ce fonds, le ministère des Eaux et forêts a lancé en octobre une table ronde des bailleurs de fonds qui devrait se tenir le 16 janvier 2020. Selon le colonel Mé Kouamé, la part de l’Etat ivoirien se situe à « environ 35% » car cette réhabilitation devrait permettre de régler des problèmes sociaux.
L’ONU Environnement, un partenaire clé, accompagne ce projet. Selon son coordonnateur régional, Peter Umunay, l’institution travaille à appuyer la Côte d’Ivoire à mettre en œuvre les activités de REDD+, mécanisme de réduction des émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation.
Et ce, pour essayer d’éviter les impacts du changement climatique. En outre ONU Environnement accompagne le pays sur le volet social et environnemental afin d’aider la Côte d’Ivoire à avoir un cadre défini pour tout projet, puis l’implication du secteur privé pour réduire la dégradation des forêts.
Cela a permis le « Partenariat 1 pour 20 » visant à encourager le développement de modèles viables de production agricoles durables, à faciliter le dialogue entre les parties prenantes et le renforcement des capacités des partenaires, a-t-il fait savoir.
Piloté depuis Abidjan, le Partenariat 1 pour 20 est une collaboration entre le ministère de l’Environnement et du développement durable, le ministère de l’Economie et des finances, le ministère de l’Agriculture et du développement rural, et le Conseil café-cacao. Il bénéficie e l’appui technique et financier de l’ONU Environnement et de la Facilité REDD de l’Union européenne.
Au rythme actuel de la déforestation, la Côte d’Ivoire est en voie de perdre la totalité de son couvert forestier d’ici à 2034. L’extension des terres agricoles pour les cultures de rente (cacao, hévéa et palmier à huile à est l’un des principaux moteurs de déforestation et de dégradation des sols.
L’Etat envisage un vaste programme d’agroforesterie devant permettre le planting d’au moins 1 million d’hectares (soit 1/3 de l’objectif de réhabilitation des forêts annoncé par la stratégie. Selon le colonel Mé il s’agira d’introduire entre 20 et 30 arbres dans chaque hectare de plantation de cacaoyers régénérés.
La pratique de l’agriculture extensive, dévoreuse d’espaces, représente la première cause de déforestation en Côte d’Ivoire. Le pays a perdu plus de 70% de son couvert forestier entre 1960 et 2015, passant de de 12 millions d’hectares à 3,4 millions d’hectares.
AP/ls/APA
le colonel Martial Mé Kouamé, le directeur de Cabinet adjoint du ministère ivoirien des Eaux et forêts