En état de délabrement avancé, après un peu plus de 35 ans de mise en service, le Postel 2001 a repris des couleurs.
À la fin des années 70, alors que le miracle économique ivoirien tirait à sa fin, les autorités du pays d’alors qui n’entendaient pas renoncer à leur ambition de bâtir un pays résiliant et respecté de tous n’ont pas trouvé meilleure expression de cette vision que de bâtir le Postel 2001, un condensé des meilleures technologies de l’époque, dans un immeuble de verre de 28 étages, au cœur du Plateau, le quartier d’affaires de la capitale du pays.
Plus bel édifice abidjanais de son époque, le Postel 2001 était aussi le siège des technologies de l’information et de la communication (la Poste et les Télécommunications). Il abritait la Ci-Telcom, l’entreprise nationale de télécommunications et sa tutelle, le ministère de la Poste et des Télécommunications. Ibrahim Diabaté, conseiller technique de l’actuel ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Poste, Bruno Koné, qui avait passé une trentaine d’années au Postel 2001, se souvient que l’immeuble tient sa dénomination de Koné Bengali, l’ancien ministre de la Poste et des télécommunications.
« À l’époque, tout le monde était tourné vers l’an 2000, considéré comme une année charnière. Et des édifices comme l’immeuble Alpha 2000 témoigne de la pensée de l’époque. Le ministre s’est dit pourquoi ne pas aller au-delà de 2000. Il a alors proposé Postel 2001 comme nom de l’immeuble », raconte Ibrahim Diabaté.
Lorsque la construction de l’immeuble fut achevée et qu’on le mit en service, il devint l’attraction de tout le pays.
« L’immeuble était convoité pour deux raisons : il était très beau, et en tant que siège de la Poste et des Télécoms, on y avait facilement accès à des moyens de communication. De nombreuses personnes, en majorité des femmes, y venaient pour téléphoner à leurs proches », se rappelle M. Diabaté.
Maintenir ce joyau, ses ascenseurs, son système de climatisation lourd conçu pour alimenter ce building de verre sans aucune fenêtre coûtait très cher. Environ 500 millions de F Cfa à l’époque. Mauvaise coïncidence, le repreneur de l’entreprise Ci-Telcom qui était logé dans l’immeuble avait entrepris de déménager, jugeant le loyer trop cher. Faute de ressources pour son entretien, l’immeuble de verre a amorcé son déclin.
« Je suis arrivé dans l’immeuble en 1979. J’y travaillais en tant que chef de projet à la station terrienne. J’en suis parti en 1996. De 2011 à 2014, quand j’y suis revenu en tant que conseiller du ministre, j’y ai passé trois années de galère. La climatisation de marchait plus. Je me souviens qu’il arrivait des fois où nous ne travaillions que la matinée, à cause de la chaleur qui y était insupportable. Quand ce n’est pas la chaleur, c’est les longues marches pour escalader ou descendre de l’immeuble. Les ascenseurs tombaient en panne sans qu’on puisse le prévoir », explique Ibrahim Diabaté.
Le 29 juin, lorsque le conseiller du ministre Bruno Koné revint sur les lieux, à la faveur de la visite qu’effectuait le ministre et son collègue de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, Claude Isaac Dé, sur le chantier du Postel 2001 rénové, il découvrit un édifice totalement transformé. « Il est impropre de parler de réhabilitation. Cela supposerait qu’on reconstruirait l’immeuble tel qu’il était par le passé. Or, ce qui a été réalisé va au-delà. Il s’agit en réalité d’une modernisation du bâtiment », souligne Ibrahim Diabaté.
Le ministre Bruno Koné dont le cabinet y était logé avant qu’il aménage à l’immeuble Cnps (Caisse nationale de prévoyance sociale), est bien placé pour apprécier le travail qui a été fait. Il n’a pas caché sa joie de découvrir un immeuble intelligent, moderne, symbole du « renouveau de la Côte d’Ivoire, un pays qui marche, qui va vers la modernité et donc un pays qui se dote de d’équipements modernes, d’immeubles qui répondent aux normes internationales ».
Le projet de réhabilitation du Postel 2001 a connu une évolution. Initialement, il était question de réhabiliter simplement l’édifice. Et les travaux avaient été évalués à environ 16 milliards de FCfa. Finalement, le gouvernement a opté pour la modernisation de l’immeuble. D’où l’augmentation du coût qui se justifie pleinement au regard des technologies déployées. « Pour ceux qui ont connu l’ancien Postel 2001, s’ils découvrent l’immeuble rénové, ils comprendront qu’il n’y a pas de doute sur le coût des travaux, qui, du reste, sont de l’ordre de ce qu’a coûté l’immeuble Ccia rénové. Il faut savoir que ces deux immeubles sont certainement les plus intelligents en ce moment en Côte d’Ivoire », soutient M. Ibrahim.
Les travaux de réhabilitation réalisés par l’entreprise Pierre Fakhoury (Pfo) est de l’ordre de 43 milliards de FCfa, soit un concours bancaire de 36 milliards de FCfa et sur fonds propres de 7 milliards de FCfa de l’Ansut. Sur les 36 milliards de Fcfa du concours bancaire, la Boad apporte 25 milliards de FCfa tandis que 11 milliards de FCfa proviennent de Coris Bank international.
David Ya
Photo:DR / Les travaux de réhabilitation réalisés par l’entreprise Pierre Fakhoury (Pfo) est de l’ordre de 43 milliards de FCfa