Pourquoi l'hévéaculture et l'anacardier sont un danger pour la Côte d'Ivoire

  • 15/01/2014
  • Source : L'Inter
L'hévéa et l'anacarde, sont deux cultures de rente de plus en plus prisées en Côte d'Ivoire. Au point de vouloir bousculer l'ordre établi par le binôme café-cacao. Cette avancée pour le moins fulgurante de ces deux cultures ces dernières années inquiète sérieusement le Pr. Traoré Dossahoua, professeur titulaire de bonatique et biologie végétale.

Au cours de la conférence inaugurale qu'il a prononcée jeudi dernier 09 janvier sur le thème : ''le dilemme de l'engouement pour l'hévéaculture et l'anacardier en Côte d'Ivoire'', à l'occasion de la rentrée solennelle 2014 du Centre suisse de recherches scientifiques (Csrs), le Pr. Traoré Dossahoua s'est inquiété de la progression de l'hévéaculture vers le nord et de la descente de l'anarcadier vers le sud.

L'autre inquiétude soulevée par ce membre du conseil scientifique du Csrs, c'est la destruction à grande échelle des formations végétales spontanées et la fragilité de l'équilibre écologique qu'occasionne la culture de ces deux spéculations.  Le conférencier n'a pas occulté la vente de terres qui se développe autour de ces cultures et les nombreux conflits fonciers dans les familles et les villages qui en résultent.

Le bonatiste Traoré Dossahoua a soutenu que l'hévéa et l'anacardier représentent des menaces pour les autres cultures de rente mais aussi pour la sécurité alimentaire. « L'anacardier et l'hévéaculture chassent les cultures vivrières telles que le maïs, le sorgho, le manioc, la banane plantain... »,a-t-il déclaré. Le Pr. Traoré Dossahoua pense qu'il faut agir vite, pendant qu'il est encore temps.

Aussi, a-t-il préconisé que soit freinée la culture de l'anacardier et de l'hévéa. « Il faut chercher à retrouver le taux de boisement de 20 %, mettre en place une politique agricole, forestière et d'aménagement qui tienne compte de l'homme de demain. Il faut aussi dire la  vérité scientifique aux producteurs et paysans », a-t-il conseillé. Toutefois, il a reconnu l'intérêt économique de ces deux spéculations pour Côte d'Ivoire.
 
En 2012, l'hévéaculture a rapporté 413 milliards de fcfa à la Côte d'Ivoire, contre 150 milliards de fcfa par l'anacarde en 2013. Aujourd'hui, les cultures ont mis un frein à l'exode rural, créé beaucoup d'emplois et a considérablement amélioré le niveau de vie des ivoiriens qui les cultivent. Suite à la conférence inaugurale, un panel sur l'impact de l'hévéaculture sur le développement durable, animé par des représentants de l'Anader, le ministère de l'Environnement, le Cnra, la Saph et la société civile, a permis de comprendre la place de cette culture dans le pays.