Les syndicalistes de la fonction publiques ivoirienne qui négocient depuis deux jours avec le gouvernement ont affirmé vendredi vouloir consulter leur "base" pour déterminer si les propositions faites par le Premier ministre sont suffisantes pour cesser la grève entamée le 9 janvier.
"La base nous a mandatés. On va leur offrir (les propositions) et c'est à elle de pouvoir nous dire" la marche à suivre, a affirmé Jean-Yves Abonga, président de la plateforme qui regroupe une cinquantaine de syndicats de fonctionnaires.
"Nous allons donner la primeur de nos acquis à nos camarades, ensuite les perspectives de lutte pourront nous être indiquées par nos camarades", a ajouté son collègue Théodore Gnana Zadi devant la presse, à leur sortie de leur rencontre avec le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
"Il y a des points sur lesquels nous sommes tombés d'accord et des points où les discussions continuent", a-t-il conclu, sans vouloir entrer dans les
détails. Les grévistes demandent des augmentations de salaires et le paiement de certains arriérés de primes, et protestent contre une réforme des retraites
intervenue en 2012 mais dont les premiers effets se font véritablement sentir en 2016, avec la mise à la retraite de fonctionnaires touchés par la loi.
Cette réforme fait passer l'âge de la retraite de 55 à 60 ans, voire 65 ans pour les grades les plus élevés. Les cotisations augmentent de 6 à 8,33% du salaire, alors que les pensions ont été réduites de 30 à 50% selon les catégories.
Jeudi soir, le gouvernement avait dans un communiqué assuré avoir trouvé un accord sur trois de cinq revendications des syndicats. Il invitait "l'ensemble des fonctionnaires à tenir compte des efforts considérables consentis depuis 2011 et qui coûtent à l'Etat, chaque année, 244,8 milliards de FCA (370 millions d'euros). Il s'agit notamment du déblocage des salaires de tous les fonctionnaires et agents de l'Etat de Côte d'Ivoire, salaires qui étaient bloqués depuis 1988, et de la reprise des avancements indiciaires chaque deux ans".
Cette grève survient alors que le pays fait face à une fronde des militaires et gendarmes qui a fait quatre morts cette semaine à Yamoussoukro.
Une partie de l'armée -8500 anciens rebelles intégrés dans l'armée- a obtenu le paiement de 12 millions de CFA (18.000 euros dont 7500 avant le 5 février) mais le reste des "corps habillés" réclament aussi des augmentations de salaires et des primes. Le gouvernement a promis d'améliorer leurs conditions de vie.
La situation restait tendue avec des tirs sporadiques de protestation dans les casernes, notamment à Abidjan (caserne d'Akouedo, la plus grande du pays) ou à San Pedro (sud-ouest).
Poursuite de la grève des fonctionnaires en Côte d’Ivoire: une décision attendue samedi - Photo à titre d'illustration