Quatre prétendants pour un fauteuil. Ce n’est pas le titre d’un roman. Il s’agit de la situation qui prévaut au PDCI à la veille de son 12ème congrès, prévu du 03 au 05 octobre prochain. Ils sont donc au nombre de quatre à convoiter ce prestigieux poste. Outre le président sortant, Henri Konan Bédié, sont dans les starting-block, Alphonse Djedjé Mady, Konan Kouadio Bertin et Kouassi Yao. En attendant le verdict des urnes, quelles sont les forces et faiblesses des uns et des autres ?
Henri Konan Bédié :
Actuel président du PDCI, le Sphinx de Daoukro jouit d’une légitimité historique. C’est à lui que le père fondateur du parti, feu le président Félix Houphouët-Boigny, a légué son héritage. Un statut qui constitue un atout indéniable, surtout en Afrique où l’héritage ne se dispute pas. HKB a eu un parcours professionnel très enviable. De 1961 à 1966, il est nommé ambassadeur de Côte d’Ivoire aux États-Unis d’Amérique.
En 1966, il est rappelé en Côte d’Ivoire pour occuper le poste de ministre des Finances. Il occupera ce posté jusqu’en 1977. Elu député de Daoukro en 1980. La même année, il sera porté à la tête de l’Assemblée nationale. Il ne quittera ce poste qu’en 1993, à la mort d’Houphouët-Boigny. Un poste qui lui vaut d’assurer l’intérim jusqu’en 1995 à la mort du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. En 1995, il est élu Président de la République. Homme de devoir, il a accepté la proposition des secrétaires généraux du parti et des délégués communaux et départementaux pour briguer un autre mandat.
Il a déjà fait mordre la poussière à son ancien secrétaire général, Laurent Dona Fologo en 2001, lors du dernier congrès du PDCI. Les congressistes vont-ils lui renouveler leur confiance ? Pas sûr, du moins pour ses détracteurs. Pour eux, il n’est pas l’homme de la situation. Leur principal argument : l’âge du natif de Daoukro. A 79 ans, il ne doit plus se présenter.
Ce, conformément au texte du parti qui fixe l’âge maximum à 75 ans. Le concerné n’est pas de leur avis. Il rétorque que c’est est un atout. Sa formule : « Il y a des vieux jeunes et des jeunes vieux ». Il se dit encore bon pour le service. Surtout que cet âge lui a permis d’amasser une somme d’expérience dans la gestion des hommes, mais aussi d’un parti politique comme le PDCI.
Alphonse Djédjé Mady :
Secrétaire général du PDCI depuis une dizaine d’année, Djédjé Mady rêve grand. Le manteau de secrétaire général est devenu trop petit. Il veut monter une autre marche. Il lui faut la présidence du parti. Et pour cela, il veut compter sur sa connaissance de la maison. Une maison qu’il a intégrée depuis ses années élèves puis étudiants. Après avoir occupé plusieurs fonctions au niveau de la jeunesse du parti, il est élu président du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (MEECI) en 1975. Il est membre fondateur du MEECI.
Membre du Bureau Politique (1985-1991) Chargé du discours de clôture du 7ème Congrès Ordinaire (1er octobre 1980). De 1991 à 1995, il est membre du bureau politique. De 1995 à 2002, il est membre du bureau politique, secrétaire général Adjoint chargé de la Formation depuis 2002, il est secrétaire général du PDCI-RDA. Depuis 2005, il est le président du Directoire du RHDP. Elu plusieurs fois député de Saïoua, il est aujourd’hui président du conseil régional du Haut Sassandra. Entre temps, de novembre 1983 à Octobre 1989, il fut ministre de la Santé Publique et de la Population.
Ses nouvelles fonctions, de secrétaire général du parti, lui ont permis d’être en contact permanent avec les secrétaires généraux de sections, les délégués départementaux et communaux, tous membres statutaires du congrès. Il pourrait compter sur eux pour obtenir le maximum de voix en sa faveur et être au perchoir du PDCI au soir du 5 octobre. Il est né en 1945.
Un calcul qui ne sera pas systématique. Au sein du parti doyen, des voix s’élèvent pour décrier l’attitude du fils de Saïoua. Des militants du parti le soupçonnent de pactiser avec le FPI. Il lui est repproché de travailler contre le parti. Ses discours ne rassurent pas les militants et confirment ce que ces derniers pensent de lui. C’est-à-dire, travailler contre le PDCI au profit du FPI. D’autres l’accusent d’avoir mal géré la campagne présidentielle de 2010.
En sa qualité de directeur de campagne du candidat Bédié, il lui est reproché de n’avoir pas mis en place un centre de collecte des résultats électoraux. Chose qui a été préjudiciable au PDCI et à son candidat. En outre, il lui est reproché d’avoir eu une attitude ambigüe entre les deux tours de l’élection présidentielle. Aujourd’hui tous ces actes le rattrapent. Et des militants ne se sont pas disposés à lui confier leur parti.
Konan Kouadio Bertin :
Au PDCI, aussi bien dans le milieu des jeunes que des anciens, il est connu. Plus particulièrement dans le milieu de jeunes, en sa qualité de président des jeunes. Grand orateur, il a été au quotidien en contact avec la jeunesse du parti. Beaucoup de jeunes l’estiment pour son audace et son franc-parler. Il a acquis une notoriété dans le milieu de jeunes, mais compte aussi beaucoup de sympathisants dans d’autres sphères du parti doyen.
Il est actuellement député RHDP de Port-Bouët. KKB et se camardes ont résisté à la puissante FESCI via la Cellule de réflexion et d’actions concrètes (Cerac) qui était un contre poids contre la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire.
Il lui est reproché en revanche d’être imbu de sa personne, d’être beaucoup arrogant et surtout irrévérencieux vis-à-vis de Bédié et donc des ainés. Dans un parti où la gérontocratie règne en maître, cette attitude peut s’assimiler à un affront. Lequel est considéré comme un crime de lèse majesté. Un crime qu’il devra payer cash. Il est également reproché à KKB comme à Djédjé Mady de travailler pour le FPI.
Mais aussi de n’avoir pas joué pleinement son rôle à la présidentielle de 2010, pour ce qui est du premier tour. Une attitude qui a été plus ambigüe au second tour. Sur le plateau de la télévision ivoirienne, il a été incapable de démentir les accusations portées contre sa personne par Blé Goudé Charles, entre les deus tours de la présidentielle. « KKB m’a dit qu’il ne savait pas comment il allait battre campagne pour Alassane Ouattara», avait indiqué Blé Goudé. Des propos pas démentis par KKB. Les images de cet entretien sont encore vivaces dans l’esprit des Ivoiriens en général et des militants du PDCI en particulier. Au parlement, il fait partie de ceux qui mènent la fronde contre les réformes du Président de la République.
Kouassi Yao :
Il est le moins en vue, des candidats à la présidence du PDCI. Pourtant il a été le premier, au mois de janvier dernier à annoncer sa candidature à la présidence du PDCI. De lui, on sait qu’il a été secrétaire général de la présidence sous Bédié. On sait aussi qu’il est militant de longue date du parti créée en 1946, pas plus. Au point où son nom est rarement cité quand on parle des candidats à la présidence du parti.
On peut dire de lui, qu’il est le petit poucet dans la course. Il est peu connu des militants, parce que n’ayant pas occupé le terrain. Il est le moins connu des quatre candidats.
Ces quatre candidats, excepté Bédié, ne sont que des candidats potentiels.
Thiery Latt
Présidence du PDCI - Forces et faiblesses des quatre candidats - Photo à titre d'illustration