C'est habillé dans une chemise à l'effigie de Félix Houphouët-Boigny qu'Alphonse Djédjé Mady, 68 ans, a fait son entrée, mercredi 21 août 2013, à la maison du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) à Cocody. Il était exactement 11 h 30. Accompagné notamment de Georges Ouégnin, l'ancien Directeur du protocole de feu Félix Houphouët-Boigny, le Secrétaire général du Pdci a levé les mains pour saluer ses partisans venus nombreux. « Je suis candidat pour rendre au Pdci-Rda et à la Côte d’Ivoire ce que j’ai reçu d’eux », a-t-il déclaré sans surprise et sous les ovations nourries de la salle. « Je soumets ma candidature à la décision du congrès conformément aux dispositions de l’article 27 des statuts. Que le suffrage me soit favorable si telle est la volonté de Dieu ! », a lancé Alphonse Djédjé Mady, revenant sur son parcours syndical, politique et ministériel. « Le parti doit aller sur le terrain, avec son premier responsable pour la remobilisation des militants sur toute l’étendue du territoire national et à l’extérieur. Le Pdci-Rda doit reconquérir le terrain perdu et être en mesure de gagner toute élection pour continuer la mission que le président Félix Houphouët-Boigny lui a laissée », a soutenu le numéro 2 du Pdci, soulignant que dans « le respect de tous ses engagements, le Pdci doit avoir son candidat en 2015, sous peine de disparaître de la scène politique nationale ».
Pour lui, le Pdci n'a d'autre choix que de se positionner pour aller chercher le pouvoir dans les urnes et reprendre son œuvre de construction nationale. « Le Pdci-Rda doit être fier de son passé, assumer en toute responsabilité son présent et préparer hardiment son avenir », a affirmé le nouveau candidat. Qui a ajouté qu'il est candidat pour renforcer l’unité nationale. Selon lui, le Pdci doit démontrer à cette occasion qu’il est le parti de tous les Ivoiriens, du nord au sud, de l’est à l’ouest en passant par le centre. « Nous devons bannir tout ce qui nous sépare et nous catégorise. Je suis candidat pour sceller fortement la fraternité entre les Ivoiriens », a fait savoir le président du Conseil régional du Haut-Sassandra. « Je ne suis candidat contre personne. Je suis candidat pour proposer l’expérience acquise pendant 48 ans dans les rangs du Pdci-Rda. Je suis candidat pour offrir ma disponibilité et mon énergie au parti », a insisté le député de Saïoua. « Qu’on me comprenne bien : je ne suis pas candidat contre mon aîné Henri Konan Bedié auprès de qui j’ai servi le parti et la nation ces onze dernières années. Les dispositions pertinentes de la loi n° 93-668 du 9 août 1993, relative aux partis et aux groupements politiques, de même que les dispositions des statuts en son article 35 le rendant inéligible à ce congrès », a martelé celui qui dit avoir mis 48 ans de sa vie au service du Pdci.
La réponse à Niamien N'goran
Alphonse Djédjé Mady s'est interrogé sur la réponse positive que Bédié a donnée, samedi 17 août 2013, au conclave de Yamoussoukro, aux Secrétaires généraux de section et aux délégués départementaux et communaux. « Nous avons entendu des déclarations similaires, à la virgule prêt, des six porte-parole de ces régions. Staline et Mao n’auraient pas fait mieux! A l’unanimité tous les Secrétaires généraux de section ont demandé au président (Bédié) d’être candidat au XIIème Congrès prochain. L’émotion était grande et il aurait été héroïque de dire autre chose que ce que nous avons entendu », a-t-il affirmé.
L'orateur a indiqué que tout congrès peut modifier les statuts, mais faudra-t-il tenir compte des dispositions de la loi n° 93-668 du 9 août 1993. « Les dispositions pertinentes prescrivent qu’après toute Assemblée ou après tout Congrès constitutif, les modifications des statuts de tout parti ou association, les nouveaux documents doivent être déposés au ministère chargé de l’Intérieur qui dispose de trois mois pour son avis. C’est seulement après cela que les nouveaux documents peuvent être applicables », a enseigné le Professeur agrégé de médecine. « Dans tous les cas de figure, l’inéligibilité du président Aimé Henri Konan Bedié est un fait de droit qui s’impose à nous tous », a dit l'ex-ministre de la Santé publique et de la population (novembre 1983-octobre 1989), demandant de ne pas induire « notre aîné en erreur ».
Le conférencier a aussi répondu à Niamien N'Goran. Le président du Comité d'organisation du 12ème congrès a déclaré dans « Le Nouveau réveil » du mercredi 21 août 2013 que c'est plutôt le bilan financier des 11 ans de gestion du Pdci par Djédjé Mady qui est attendu à ces assises d'octobre prochain. « J'en connais qui n'était que de simples fonctionnaires, mais qui sont devenus milliardaires (…). Je ne suis pas ordonnateur des dépenses du Pdci-Rda. Je n'ai pas la signature sur les comptes du Pdci-Rda (…). Aujourd'hui, il y a un nouveau Directeur financier, mais il ne me rend pas compte de sa gestion (…). Alors, faisons attention ! », a-t-il mis en garde. « Ceux qui veulent noyer les gens, il ne faut pas qu'ils se noient eux-mêmes », a indiqué Alphonse Djédjé Mady. Il a informé que son équipe fera en sorte que le listing électoral soit propre et que le congrès soit honnête.
SYLLA Arouna
Présidence du Pdci-Rda: Djédjé Mady donne les raisons de sa candidature-« Bédié ne peut pas être candidat » - Photo à titre d'illustration