Longtemps resté silencieux depuis l'annonce et le dépôt officiel de sa candidature, Essy Amara, ex-diplomate ivoirien s'est exprimé ce vendredi à son domicile, sis aux 2 plateaux, sur le processus électoral et surtout comment la Côte d'Ivoire doit sortir la tête haute de ces élections.
Assis devant une large table, en costume bleu nuit et le visage presque caché par la multitude de micros des médias venus massivement, l’ex-ministre des affaires étrangères Amara Essy notamment membre de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) s'est étalé pendant plus d'une heure sur les tares qui minent la Côte d'Ivoire en ces périodes électorales.
Candidat officiel depuis ce 21 août 2015 et examiné par les médecins comme le réclame la constitution ivoirienne le 2 septembre 2015, il affirme avoir "rempli sa part de contrat, en dépit des obstacles artificiels" et estime qu'il était temps de faire un état des lieux sur le contexte et les conditions de l’élection.
"L’élection présidentielle est un moment de respiration démocratique et la rencontre entre des citoyens animés d’une vision et porteurs d’un projet d’avenir pour notre pays et le peuple souverain" cependant a-t-il déploré,"depuis 1995, tous les scrutins présidentiels en Côte d’Ivoire ont malheureusement débouché sur des crises. Le dernier en date a provoqué la mort de plusieurs milliers d’habitants de ce pays.
Il a invité à "faire que cette élection soit pour la Côte d’Ivoire un tremplin pour affermir le socle social et redynamiser le développement économique et non un autre plongeoir dans les abîmes de la division et du déclin."
"L’Afrique et le monde nous regardent" a-t-il poursuivi, justifiant que ces élections représentent des élections de consolidation et de régénération.
Pour M. Essy, ces élections qui "doivent être organisées dans la transparence et l’égalité pour tous les candidats", devraient redonner à la Côte d'Ivoire sa place de phare dans la région, "participer à reconstruire notre crédibilité diplomatique et assurer de nouveau la confiance nécessaire à l’investissement financier."
Comme il fallait s'y attendre, et à l'instar de ses amis de la CNC, M. Essy dénoncé les anomalies contenues dans le processus électoral, porteuses de risques.
Estimant que le contentieux électoral de 2010 n'a pas encore été vidé, il regrette notamment la reconduction de Youssouf Bakayoko à la tête de la Commission Electorale Indépendante (CEI), alors même que son mandat était arrivé à terme.
Avec treize voix délibératives sur dix-sept du côté du pouvoir, au sein de la Commission centrale, la composition de la CEI est totalement déséquilibrée", révélant que "ses critères de composition sont établis sur une base partisane et la variable religieuse introduite pour tenir compte de nos spécificités sociologiques ne reflète pas la diversité des sensibilités.
Il a également fustigé la composition du Conseil constitutionnel dont "l’impartialité des juges est a priori contestable" au vu des juges dont la parentalité avec le chef de l'Etat sortant a été révélé dans la presse.
"Ces juges ont tous agit, dans un passé récent, comme représentants du président sortant ou de ses alliés. Ils sont donc inaptes à statuer avec neutralité sur le contentieux électoral du 25 Octobre 2015."
Concernant l'article 35 de la constitution, qui selon de nombreux opposants rend l'actuel Chef de l'Etat inéligible à cette élection présidentielle, M. Essy a indiqué que "tant qu’une loi n’est pas amendée ou abrogée, elle doit s’appliquer à tous et pour tous."
Pour terminer, il a appelé la population à travailler pour protéger la Côte d’Ivoire" et "tirer les leçons de l'actualité brûlante sur le continent".
Les ivoiriens sont appelés aux urnes ce 25 octobre pour les élections présidentielles, dont le président sortant Alassane Ouattara est donné favori. Le nombre des candidats définitifs sera communiqué par le conseil constitutionnel ce 10 septembre.
Ahopol
pr.aholia@lebabi.net
Photo:Ahopol-Lebabi.net / Conférence de presse du candidat Essy Amara, ce 04 septembre 2015