Présidentielle 2015 (J-1) : Pourquoi Charles Konan Banny s'est retiré de la course

  • 24/10/2015
  • Source : Lebabi.net
Après avoir longuement critiqué le processus électoral, l’ex-premier ministre Charles Konan Banny a finalement décidé de se retirer de la course à la présidentielle, ce vendredi, avant-veille d’une élection présidentielle très attendue en Côte d'Ivoire.

«Après avoir combattu jusqu'au bout pour épargner à la Côte d'ivoire de nouvelles souffrances et de nouvelles frustrations, j'ai décidé de ne plus participer au processus inique imposé aux ivoiriens».
 
C’est par cette phrase solennelle-à la fin de son propos-que Charles Konan Banny a annoncé son retrait, face à la presse, alors qu’il a lui-même battu campagne.
 
La ‘’démission ‘’ était prévisible. Certains observateurs pensent que cela vient décrédibiliser davantage le scrutin et à sa suite tout le processus électoral, qui est déjà très critiqué par l’opposition, quand d’autres estiment que l’ex-président de la CDVR craignait plutôt un faible score.
 
 Tout contre fait, le retrait cette candidature ouvre une voie royale à un deuxième mandat du président sortant Alassane Ouattara, qui se présente en grand favori contre Affi N’guessan, soutenu par une partie de son camp, Kouadio Konan Bertin esseulé (seul candidat de la Coalition Nationale pour le Changement), Lagou Henriette, Konan Kouadio Siméon, Gnangbo Kacou et Kouangoua Jacqueline.   
 
L’ex-président de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) estime pour autant que la démocratie, la liberté, le respect des droits humains et de recherche du consensus politique par le dialogue a fortement baissé en Côte d’Ivoire.
 
« Les élections présidentielles qui sont censées se tenir dans quelques jours sont déjà entachées de graves irrégularités qui font craindre un scrutin peu sincère, peu transparent et non inclusif » craint-il, soulignant notamment que « l’opposition a sollicité un rendez-vous au chef de l’Etat pour nouer le dialogue sur l’organisation des élections et toutes les questions litigieuses qui ont trait au futur scrutin présidentiel. Malheureusement, à trois jours des consultations, aucune rencontre avec lui n’a été acceptée. »
 
Il s’insurge également d’une absence de contre pouvoir, du fait que le président Ouattara ‘’occupe quasiment seul tout l’espace politique’’, marginalise ses adversaires et refuse de dialoguer, refus qui peut entrainer ‘’des risques d’instabilité aussi bien en Côte d’Ivoire que dans la sous-région’’ selon lui.
 
Concernant les accusations de doublons et d’erreurs, ‘’indices de manipulations significatives des fichiers électroniques dans la liste électorale’’, qu’il a reçu, seulement le 6 octobre, celui dont la candidature était une volonté de voir triompher la démocratie et le dialogue, digère mal que ses remarques soient ‘’minimisées’’ et ‘’ridiculisées.’’
 
Fidèle à l’enseignement du président Félix Houphouët Boigny, M. Banny estime comprendre la trahison et le désespoir que cette décision puisse susciter chez les ivoiriens et reste cependant disponible pour le peuple de Côte d’Ivoire et pour les militants du PDCI-RDA dont il considère l’appel de Daoukro comme ‘’une violation flagrante des résolutions du 12e congrès’’.
 
M. Banny, qui n’a cessé de critiquer les conditions d’organisation du scrutin devient le troisième candidat à se retirer de la course à la présidence après l’ancien ministre des Affaires étrangères Amara Essy et l’ex-président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly.

Ahopol