En France, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle, le 7 mai prochain. L'occasion d'évoquer leurs visions de l'Afrique. Le Front national de Marine Le Pen, dénoncé comme un parti xénophobe et raciste, peu destiné, a priori, à entretenir des bonnes relations avec le continent, tente depuis quelques années de changer son image. De son côté, Emmanuel Macron prône un partenariat renouvelé avec les pays africains.
Le Front national, incompatible avec l'Afrique ?
La dédiabolisation du FN passe aussi par l'Afrique. Longtemps rejeté par le continent et ses dirigeants, le parti d'extrême droite tente, depuis plusieurs années, de casser son image négative. Il s'est entouré de connaisseurs et a noué des contacts avec la diaspora mais son plus beau coup, reste sans doute la rencontre entre Marine Le Pen et le président tchadien, Idriss Déby, en mars dernier. Une première.
Pourtant, tout semble opposer l'Afrique et le FN qui veut abolir la bi-nationalité pour les Africains, interdire la régularisation des sans-papiers et mettre fin à l'école gratuite pour leurs enfants. Or, Marine Le Pen tente de séduire les dirigeants en flattant leur fibre nationaliste. Elle s'attaque régulièrement à ce qui menace, selon elle, leur souveraineté, citant le franc CFA, la Cour pénale internationale mais surtout la Françafrique qu'elle décrit comme des « réseaux de corruption criminels et néocolonialistes ».
Quant à son cheval de bataille - la lutte contre l'immigration - la candidate frontiste insiste sur le besoin de développement, « seul rempart contre les migrations massives et le terrorisme », dit-elle.
Elle s'engage à faire passer l'aide française à 0,7% du PIB. Les pays du Sahel - notamment le Mali - seront prioritaires pour des raisons de sécurité. Les forces françaises y resteront d'ailleurs déployées, « tant que nos partenaires le voudront », a expliqué la présidente du Front national.
L'Afrique en marche de Macron
Emmanuel Macron a certes déclaré en Algérie que la colonisation avait été un crime contre l'humanité. Mais s'il est élu le 7 mai prochain, quelle sera sa politique africaine ?
Pour Macron, l'Afrique est en marche. Le peut-être futur jeune président français veut écrire une nouvelle page des relations franco-africaines. Et ce partenariat renouvelé passe d'abord par l'Europe. L'Europe et le continent doivent prospérer ensemble. Fini le misérabilisme, il faut s'appuyer sur les étudiants et les chefs d'entreprises, notamment en facilitant leur circulation.
Les priorités sont claires : la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Pas question de désengagement de la France. Mais aussi la lutte contre le changement climatique, les droits des femmes, l'éducation et la formation, les infrastructures et le secteur privé.
Bruxelles est un levier et Paris de son côté doit reconquérir sa place dans les cœurs et sur les grandes places économiques africaines. Donc, voir grand, avec, prône Emmanuel Macron, la mise en place d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et l'Union africaine pour sortir des logiques de charité et de clientélisme.
Au niveau national, l'ambition est de créer un conseil présidentiel pour l'Afrique qui devra réunir des personnalités africaines et françaises pour inspirer la politique africaine de Paris. Là aussi, réformer mais sans bousculer.
Si Emmanuel Macron est élu, il devrait très vite se rendre sur le continent. Et son premier voyage pourrait être le Maroc.
En cas d'élection, quelles seront les politiques africaines d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen ? © Eric Feferberg, Joël SAGET / AFP