Pendant qu’ils se livrent une guerre fratricide de positionnement pour les échéances présidentielles de 2020, le président de la République, Alassane Ouattara et ses alliés, dont principalement Henri Konan Bédié, se méprennent d’un danger qui les guette à cette même échéance. Comme sur la scène politique ivoirienne se résumait uniquement à leurs deux formations politiques, désormais, le président d’honneur du Rdr et son aîné, le président du Pdci-Rda, mènent un bal apparemment sans souci, ignorant à dessein l’existence d’une opposition.
Se réjouissant sans doute de la division au sein du Front populaire ivoirien (Fpi) – qui a tout l’air d’une bonne diversion pour les partisans de Laurent Gbagbo très aguerris en matière de stratégies politiques -, Bédié et Ouattara ne semblent pas ouvrir les yeux pour voir les donnes qui changent et amoncellent des nuages sombres sur leurs têtes. Des deux leaders sont obsédés et obnubilés par les débats en clans rangés entre eux et leurs partisans au sujet du parti unifié voulu par les uns et une alternance en 2020 réclamée par les autres. Pendant ce temps, les lignes bougent et dévoient une menace à l'horison.
En effet, depuis le début de cette année 2018, le procès de leur adversaire commun battu en 2011, détenu et jugé devant la Cour pénale internationale depuis lors, s’est quasiment arrêté. En janvier dernier, les juges ont rendu une première décision qui renvoie le bureau de l’Accusation à sa copie. La Chambre de première instance I, en charge du dossier, avait donné un délai à la procureure, Fatou Bensouda, qui conduit l’Accusation, pour compléter ses preuves, car celles réunies avec les différents témoins qui se sont succédé à la Haye, ne sont pas suffisante pour condamner ou continuer à détenir l’ex-président ivoirien mis en cause avec son dernier ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé
Quand les donnes changent à la Cpi
Quelques mois après, la dernière décision prise par cette même Chambre est très éloquente quant aux intentions qui animent les magistrats qui y siègent. Elle vient d’ordonner, en effet, « à la Défense de M. Gbagbo et M. Blé Goudé de déposer, au plus tard le 20 juillet 2018, leurs soumissions sur les questions pour lesquelles, à leur avis, les éléments de preuve présentés par le Procureur ne sont pas suffisants pour soutenir une condamnation ».
En clair, les magistrats en charge du dossier invitent les avocats des mis en cause à introduire une requête pour faire valoir, à mi-chemin du procès, le droit à l’acquittement de leur clients. Lequel droit sur lequel le Procureur et le Représentant légal des victimes auront jusqu’au 27 août 2018 pour réagir. En attendant de « tenir une audience, le 10 septembre 2018 et plus si nécessaire, au cours de laquelle les parties et participants seront autorisés à illustrer ou compléter leurs observations écrites...
Présidentielle 2020 : La surprise désagréable qui guette Ouattara et Bédié