Procès ''à la tête du client'', ''procès politique'', ''scandaleux'' : Les avocats de la défense ne décolèrent pas

  • 11/03/2015
  • Source : Lebabi.net
Aussitôt après que l'ex-Première dame de la Côte d'Ivoire Simone Gbagbo ait été condamnée mardi matin à 20 ans de prison, ses avocats ont dénoncé un procès ''à la tête du client'', ''procès politique'', ou encore ''scandaleux''

Réaction de Me Rodrigue Dadjé, principal avocat de Simone Gbagbo
 
Il avait fondé toute son argumentation sur la faiblesse de l’instruction. « Le dossier est vide, aucun élément à charge contre ma cliente, ni preuves, ni faits matériels, rien. En réalité, les infractions n’existent pas et ne sont qu’un prétexte à ce procès », avait-il expliqué à RFI. 
 
« Même si elle est affectée, elle demeure sereine, car elle est confiante que la vérité finira un jour par éclater », affirme son principal avocat, Me Rodrigue Dadjé, dont la plaidoirie passionnée la semaine dernière réclamant l’acquittement de sa cliente avait marqué les esprits.
 
"Cette condamnation injustifiée à une lourde peine est une décision politique", a martelé l'avocat Rodrigue Dadié lors d'un entretien avec des journalistes.
 
"C'est une décision politique, pas une décision judiciaire. C' est la pression du pouvoir politique, aucun élément de preuve n'a été noté contre l' ancienne Première dame lors du procès", a-t-il insisté.
 
Réaction Me mathurin Dirabou, doyen du collectif de la défense
 
‘'C'est une justice partiale. Ça a été fait à la tête du client, c'est une loterie'', a-t-il dénoncé, mardi, soulignant que, ‘'si ça repose sur des faits, sur des preuves, nous pouvons l'accepter. Car, 20 ans de prison ce n'est pas 20 jours. (…) On a distribué des peines''.
 
"A quoi sert de condamner à 20 ans de réclusion alors qu'on prône la réconciliation?", s'est interrogé Me Mathurin Dirabou.
 
Selon lui, plus que les ‘'condamnations ‘', c'est ‘'le droit qui n'a pas été dit'' qui a affecté les avocats de la défense. ‘'Nous ne pouvons pas concevoir cela en l'état actuel du droit''.
 
La défense entend "se pourvoir en cassation". Elle dispose donc de cinq jours francs après le verdict pour saisir la Cour suprême.
 
Réaction de Me Habiba Touré, avocate de Mme Simone Gbagbo.
 
"C'est le droit qui se trouve bafoué, le verdict est à l'image du procès. Il est honteux, scandaleux. La justice est instrumentalisée", a dénoncé Me Habiba Touré, avocate de Mme Gbagbo
 
"Maintenant, si M. Ouattara se prend pour un César, qui peut lever ou abaisser le pouce pour sauver un condamné, c’est son problème", a-t-elle ironisé Me Touré, en référence à une possible grâce présidentielle.
 
"Mais cela montre bien que la démocratie n’est pas réelle en Côte d’Ivoire, où la justice est instrumentalisée", a accusé l’avocate.
 
Notons que cette condamnation à vingt ans de prison est une nouvelle humiliation pour Simone Gbagbo. Celle-ci misait sur une libération conditionnelle, après avoir vécu pendant quatre longues années en résidence surveillée à Odienné, loin des siens, dans le nord-ouest du pays.
 
 Elle avait demandé à être incarcérée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) pour se rapprocher de sa famille, mais sa requête n’avait pas été prise en compte par les autorités. C’est seulement en décembre dernier qu’elle a été transférée à Abidjan pour son procès.
 
Affi N'guessan espére quant à lui que ‘'la Cour de cassation sera plus compréhensible'' pour sauver‘'le processus de paix et de réconciliation dans lequel nous sommes tous engagés et à faire en sorte que la Côte d'Ivoire tourne la page de ce douloureux évènement de façon définitive'', dit-il.
 
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