Le président du tribunal, Bouatchi Kouadio, a renvoyé l’audience de Simone Gbagbo à lundi, afin que les parties en présence soient au même niveau d’informations.
Il y avait de l’étincelle, hier, dans la salle d’audience qui abrite le procès de l’ex-Première dame, Simone Gbagbo. «Nous ne sommes pas dans un champ de bataille. Ici, la parole se demande. Je vous rappelle à l’ordre».
L’interpellation est du juge Bouatchi Kouadio, en charge du dossier ‘’Simone Gbagbo’’, poursuivie pour «crimes de guerre» et «crimes contre l’humanité», devant la cour d’assises, au Plateau.
Si le président du tribunal a haussé le ton, c’est justement parce que les débats étaient mal partis entre les avocats de la défense et le Procureur général, Ali Yéo qui tentait de confondre l’accusée.
En effet, plusieurs correspondances en sa possession auraient été adressées à l’ex-Première dame depuis l’Israël et la Biélorussie ; où des marchands d’armes auraient pris attache avec l’accusée pour la vente d’un Hélicoptère de combat (PUMA) et d’autres armes de guerre.
Toute chose qui la rendrait responsable d’une manière ou d’une autre des exactions constatées en Côte d’Ivoire lors de la décennie de crise. La ‘’liaison dangereuse’’ entre l’épouse de Laurent Gbagbo et ces armuriers remontent à novembre 2003, selon le Procureur, et se serait prolongée jusqu’en fin 2010.
Cette tentative du magistrat Ali Yéo d’établir un lien entre Simone Gbagbo et ces réseaux mafieux s’est heurtée à la vive opposition de Me Blédé Dohora, un des avocats de la défense. Estimant qu’il y a eu vice de procédure.
«Les documents sur la base desquels vous interrogez ma cliente sont des pièces qui ont été falsifiées. Ces pièces auraient été obtenues suite à une perquisition effectuée au domicile de l’accusée, en son absence. En plus, ces éléments n’ont pas été mis à notre disposition afin que nous puissions en prendre connaissance avant les débats», dénonce l’avocat.
S’en suit alors une passe d’arme verbale entre le Procureur général, Ali Yéo et Me Blédé. Face à la virulence des propos de part et d’autre, le juge décide d’ordonner un renvoi de l’audience.
«Nous renvoyons cette procédure à lundi pour que la défense puisse entrer en possession des pièces nécessaires à la préparation de son argumentation. Nous tenons à ce que tous les échanges puissent se faire calmement entre les différents partis», explique Bouatchi Kouadio.
A en croire la défense, il est anormal que des pièces aussi importantes du dossier ne lui aient pas été communiquées. «Nous sommes dans un procès pénal. Et les pièces qu’on veut utiliser pour confondre l’accusée doivent être communiquées préalablement afin que nous puissions en prendre connaissance (…) Dès l’entame de ce procès, nous sommes allés voir le Parquet général pour avoir toutes les pièces du dossier.
On nous a communiqué ce lot de dossiers que vous voyez dans ma main. Nous avons demandé, Me Dadjé et moi-même, s’il y avait d’autres pièces qu’on devait faire. Malheureusement, nous constatons que toutes les pièces n’ont pas été mises à notre disposition », s’indigne Me Blédé Dohora.
Le Parquet général, pour sa part, indique qu’il a communiqué une partie des pièces et que l’autre partie devait l’être à la pause. «On ne peut pas faire un procès en confrontant Madame Gbagbo à des pièces qu’elle n’a pas vues alors qu’on estime que ces pièces ont été prises chez elle à la maison. Pourtant, dans un procès pénal, lorsqu’on veut faire des perquisitions, c’est en présence de la personne poursuivie ou de quelqu’un qu’elle a désignée. Qu’est-ce qui prouve que ces pièces là viennent de chez elle surtout que la pièce dont on parlait n’est même pas signée. C’était du pur droit que de demander qu’on nous communique les pièces du dossier avant de confronter notre cliente ; pour que ce procès soit un procès équitable», charge à nouveau l’avocat de Simone.
Sa requête est prise en compte et les différents partis sont ramenés au vestiaire par le juge. Ils reviendront, lundi, sûrement avec de nouveaux arguments.
AyBo
Photo à titre d'illustration