La parole était ce mercredi à la défense, après le réquisitoire du procureur général, qui a préconisé cinq peines de "prison à vie" à l'encontre des principaux accusés, jugés pour le rapt et les meurtres de quatre expatriés au Novotel d'Abidjan en 2011. Le verdict pourrait être rendu jeudi.
C’était au tour de la défense de se faire entendre ce mercredi 12 avril au tribunal de Yopougon. Dans le box qui leur était réservé, quatre avocats se sont tour à tour levés pour demander la clémence ou l’acquittement pour leurs clients : l’ex-commissaire de police Osée Loguey, Henri Joël Guéhi Bléka, Max Landry Yoro Tapéko, Félix Houphouët Koffi, et Joseph Séry.
Si le procureur a requis la veille l’acquittement des deux derniers, il a revanche préconisé la prison à vie pour l’ancien commissaire ainsi que pour Henri Joël Guéhi Bléka et requis dix ans de prison à l’encontre de l’ancien milicien Max Landry Yoro Tapéko pour les faits d’arrestation illégale.
« L’hypothèse des hélicoptères ne doit pas écartée »
Max Landry Yoro Tapéko « a reconnu sans difficulté sa participation […] Il faut que vous lui reconnaissiez des circonstances atténuantes », a plaidé son avocat.
Lors du procès, débuté le 21 février, l’ancien milicien avait exprimé ses regrets et présenté ses excuses après avoir reconnu sa présence lors du rapt du 4 avril. Ce jour-là, au plus fort de la crise post-électorale, un commando avait fait irruption au Novotel d’Abidjan, enlevant quatre expatriés : Stéphane Frantz Di Rippel, alors directeur de l’hôtel, Yves Lambelin, directeur général du géant ivoirien Sifca, et ses collaborateurs Raoul Adeossi, un Béninois, et Chelliah Pandian, un Malaisien.
Selon l’enquête, les quatre hommes avaient été emmenés au palais présidentiel, où ils avaient été torturés puis tués. Plus de six ans après les faits, seuls les restes d’Yves Lambelin, retrouvés dans la lagune Ébrié, ont à ce jour été identifiés.
Au cours des huit semaines d’audience, une partie de la défense s’était attelée à imputer la mort des quatre expatriés aux bombardements des hélicoptères de l’armée française dans cette zone alors contrôlée par les forces loyales à Laurent Gbagbo, actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI). Une thèse jugée « révisionniste » par les parties civiles, mais reprise ce mercredi par l’avocat de l’ancien commissaire de police Osée Loguey, accusé d’avoir achevé Yves Lambelin au palais présidentiel. « Le parquet a écarté l’hypothèse des hélicoptères, elle ne doit pas l’être », a ainsi affirmé Me Coulibaly.
Procès des disparus du Novotel : à l’approche du verdict, la défense prend la parole