En Côte d'Ivoire, après celle des accusés, l'heure est à l'audition des témoins dans l’affaire des disparus du Novotel. Ils doivent apporter des éléments nouveaux alors que quatre semaines après l'ouverture de ce procès très attendu, les accusés n'ont pas varié dans leurs déclarations. La plupart de ces militaires et miliciens favorables à Laurent Gbagbo pendant la crise post-électorale rejettent toute implication dans l'enlèvement, en avril 2011, de quatre hommes au Novotel d'Abidjan et leur assassinat quelques heures plus tard à la présidence ivoirienne. Et pour l'heure, la cour peine à les confondre.
Les premiers témoins devaient éclairer le rôle du commissaire Osée Loguey dans l'affaire du Novotel d'Abidjan. Au centre de l'affaire, le policer a reconnu avoir déplacé les corps sans vie des quatre victimes, mais il rejette les autres faits, plus graves, qui lui sont reprochés. Il est notamment suspecté d'avoir abattu l’un des otages.
Le préfet de police d'Abidjan de l'époque est le premier à témoigner. Il raconte que le 4 avril 2011, lors de l'enlèvement, les policiers avaient reçu l'ordre de rentrer chez eux. La situation, périlleuse, avait été confiée à l’armée, explique-t-il. Que faisait alors Osée Loguey à la présidence ? « On ne m'a jamais donné l'ordre de quitter mon poste », répond Osée Loguey.
Décrit ensuite comme proche de milices pro-Gbagbo, aux idées politiques radicales, l'accusé dément catégoriquement. « Le slogan de ma promotion, c'était "loyauté, probité et rigueur". Voilà ce que je suis », affirme-t-il.
Son avocat s'exclame : « Son supérieur a prêté serment alors il faut le croire, mais mon client aussi a prêté serment, pourquoi ne pas le croire ? ». Une fois encore, en l'absence de preuves matérielles, c'est parole contre parole.
Une quinzaine de témoins au total doivent être entendus par la cour d'assises de Yopougon.
Dix hommes comparaissent depuis le 21 février dernier pour l'enlèvement et l'assassinat de quatre personnes à l'hôtel Novotel d'Abidjan en avril 2011. © Sia KAMBOU / AFP