Procès: ‘’le Président Gbagbo n’est pas à sa place ici’’ à la CPI, selon Philippe Mangou

  • 06/10/2017
  • Source : APA
Abidjan (Côte d’Ivoire) - Pour son dernier jour de témoignage à la Cour pénale internationale (CPI) en qualité de témoin à charge dans le procès conjoint de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, Philippe Mangou, ex-chef d’Etat-major des armées (CEMA) a déclaré, jeudi, que l’ancien président ivoirien ‘’n’est pas à sa place’’ à La Haye.

Interrogé par la défense de Blé Goudé après la diffusion d’une vidéo montrant le témoin faire la propagande de Laurent Gbagbo, Philippe Mangou a répondu ‘’ je sais où j’étais et je sais où le président (ndlr : Laurent Gbagbo) m’a envoyé. Je suis reconnaissant au président. C’est pour cela que j’ai lutté de toutes mes forces pour qu’aujourd’hui on ne voit pas le président assis ici. Ce n’est pas sa place. Ce n’est pas sa place et j’ai lutté de toutes mes forces’’.

Selon lui, durant le processus de sortie de la crise militaro-politique de septembre 2002, il a conseillé à Laurent Gbagbo de ne pas aller aux élections tant que le désarmement n’est pas effectif.

‘’A chaque étape du processus, j’ai dit au président, n’allons pas aux élections, nos frères au nord sont encore en armes en lui rappelant l’exemple congolais’’ a affirmé le témoin qui s’est, également, offusqué de la mise à l’écart des militaires lors du Dialogue direct à Ouagadougou.

‘’Aucun militaire n’était à ces discussions et on a pris des décisions nous concernant qui étaient difficiles à appliquer’’ a pesté M. Mangou, soulignant ‘’beaucoup d’erreurs commises’’ dans le camp présidentiel d’alors.

Revenant sur le Commando invisible, la milice proche du défunt chef de guerre Ibrahima Coulibaly dit IB, le diplomate-témoin (ndlr : M. Mangou est l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon) a indiqué qu’ils ‘’tiraient au mortier en zone urbaine’’, citant le rapport à lui fait par le général Détoh Létho, commandant des forces terrestres au moment des faits.

Pour son dernier tour de parole, Philippe Mangou a affirmé être venu témoigner ‘’non pas pour faire condamner qui que ce soit car la Côte d’Ivoire a besoin de tous ses fils. Je l’ai fait sans contrainte, en toute liberté en évitant de me camoufler car quand on a la vérité à dire, on ne se cache pas’’.

‘’Je demande pardon au nom de toutes les FDS (Forces de défense et de sécurité) et en mon nom personnel à toute la communauté ivoirienne pour tous les désagréments que nous avons causés durant la crise postélectorale. Que Dieu bénisse le président Laurent Gbagbo et mon frère Blé Goudé. Et qu’il vous inspire M. le président au moment venu d’avoir la sagesse de Salomon’’ a conclu l’ex-CEMA à la fin de son témoignage de deux semaines.

Sur ce, le juge-président, Cuno Jakob Tarfusser, a suspendu la séance qui reprendra le mercredi 11 octobre prochain.

HS/ls