Procès Simone Gbagbo: un témoin assure avoir participé au rapt du Français Lambelin en 2011

  • 20/07/2016
  • Source : AFP
Un ex-chef de milice a annoncé mardi, au procès de l’ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo, avoir participé à l’enlèvement de Yves Lambelin, ex-patron français du grand groupe privé Sifca qui avait été tué à la fin de la crise post-électorale en 2011.

Le procès pour crimes contre l’humanité de Mme Gbagbo a repris après deux semaines de suspension par une nouvelle audition de Moïse Metchro Harolde Metch, dit "commandant Hôtel ou Colonel H", "chef du Groupement des patriotes pour la paix (GPP)", une des nombreuses milices qui sévissaient en Côte d’Ivoire sous l’ex-président Laurent Gbagbo de 2000 à 2011.
 
La cour a autorisé sa comparution malgré une requête de la défense qui avait contesté son "équilibre mental" lors d’une première audition. L’ex-chef de milice avait alors accusé Mme Gbagbo d’avoir financé son mouvement. "C’est moi qui ai transporté le corps de Yves Lambelin jusqu’au pont Félix Houphouët-Boigny (enjambant la lagune à Abidjan) avant de le jeter dans la
lagune" a cette fois affirmé l’homme à la barre. "Ce sont des militaires ivoiriens et des mercenaires libériens qui l’ont enlevé et tué".
 
Yves Lambelin avait été kidnappé le 4 avril 2011 au Novotel d’Abidjan en compagnie de trois autres personnes, dans une ville livrée aux combats, puis tué. Son corps est le seul à avoir été formellement identifié. La mort des trois autres victimes a été établie sur la base de témoignages et d’indices. Neuf personnes -- quatre miliciens, quatre militaires de la Garde républicaine et un commissaire de police -- ont été inculpées quelques mois plus tard pour "enlèvement, séquestration et assassinat".
 
Yves Lambelin et ses trois compagnons avaient été conduits au palais présidentiel, où ils avaient été torturés et tués avant d’être jetés dans la lagune, selon les enquêteurs ivoiriens. La cour d’assises d’Abidjan juge depuis le 31 mai Mme Gbagbo, 67 ans, pour crimes contre l’humanité, crimes contre les prisonniers de guerre et crimes contre les populations civiles, commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
 
Cette crise avait été provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Mme Gbagbo comparaît alors qu’elle purge déjà une première peine de 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l’Etat", prononcée l’an dernier.