Le procès du coup d'État de septembre 2015 où comparaissent notamment le général Gilbert Dienderé, ex-chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré, et Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères a repris ce mardi 12 juin avant d’être suspendu jusqu’à jeudi pour permettre au tribunal de délibérer sur une requête de renvoi. Ce qui devait être le début de l'interrogatoire des accusés a tourné à un échange tendu autour de l'absence d'avocats de certains accusés.
Pour la première fois, le général Gilbert Diendéré a été appelé à la barre. Mais alors que le président du tribunal avait à l’origine prévu un interrogatoire sur le fond, il a été en réalité question de la situation de ses avocats.
En avril, les avocats choisis par l'ex-chef d'état-major particulier de Blaise Compaoré avaient quitté le procès. Face à cette situation, le bâtonnier de l'ordre des avocats avait commis d'office un nouvel avocat. Mais le général Gilbert Dienderé avait refusé, expliquant qu’il désirait de poursuivre la procédure avec ses propres avocats. Il s'agissait donc pour lui ce mardi 12 juin de confirmer le retour de ses anciens conseils dans le procès.
Mais les débats se sont plutôt focalisés sur le cas de l'ex-bâtonnier de l'ordre des avocats du Burkina Faso. Le dernier avocat qui défendait encore maître Mamadou Traoré s'est déporté. Le parquet et les parties civiles proposent la poursuite du procès, le temps de lui commettre un conseil d'office.
« Il n’est pas obligé que les accusés soient forcément assistés par des conseils pour que le procès puisse se tenir, estime maitre Prosper Farama, l'un des avocats des parties civiles. Dans la mesure où ce sont ces accusés eux-mêmes qui, de par leur comportement ou leur action, favorisent l’impossibilité de leur trouver un conseil. Je pense que nous sommes clairement dans cette situation ».
Refus catégorique des avocats de la défense. Commencer l'interrogatoire alors que certains accusés n'ont pas d'avocat peut être considéré comme de la discrimination selon la défense.
Maitre Silvère Kiemtaremboumbou, l'ex-avocat de Mamadou Traoré. « Tout accusé a droit à un avocat. Comment voulez-vous qu’en cours d’audience, on puisse commettre des avocats alors que les auditions ont déjà commencé ? C’est pour cela que j’ai dit au président qu’il y a un blocage qui se profile à l’horizon. »
Le président du tribunal a suspendu l'audience. Le tribunal statuera sur la demande de renvoi des avocats de la défense, alors que les parties civiles et le parquet souhaitent le début des interrogatoires dès la reprise jeudi prochain
Le général Gilbert Diendéré au premier plan (g) à côté de l'ancien ministre des Affaires étrangère Djibrill Bassolé. Ils sont les principaux accusés dans le procès du putsch manqué de septembre 2015. © AHMED OUOBA / AFP