Radiodiffusion télévision ivoirienne: Les partis d’opposition censurés?

  • 06/05/2014
  • Source : Nord-Sud
Nombreux sont les Ivoiriens, notamment des militants des partis d’opposition, qui soutiennent ne plus suivre les programmes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) accusée de faire un traitement partisan de l’information.

«Pour vous dire la vérité, je ne regarde plus la télévision nationale, cela va faire maintenant trois ans. C’est devenu une caisse de résonnance du parti au pouvoir. S’il m’arrive de le faire, c’est juste pour enregistrer des éléments pour mes archives».

Cette confidence est de Franck Mamadou Bamba, responsable de la communication du Front populaire ivoirien (Fpi). Comme en 2010, une bonne partie des Ivoiriens, surtout ceux de l’opposition, ont zappé les deux chaînes de télévision nationale, Rti1 et Rti2. La raison, ils pensent que l’information diffusée sur ces chaînes ignore leurs opinions.

« Pour la fête de la Liberté à Bongouanou, jeudi, nous avons bel et bien envoyé une demande de reportage à la Rti, aucun reporter n’est venu. J’ai essayé de joindre le directeur de l’information, Lanciné Koné et une autre journaliste. Ils n’ont pas décroché mon appel. L’idée, c’était qu’on nous envoie une équipe locale», a déploré M. Bamba.

Selon lui, sa structure a invité de façon systématique, la télévision nationale, chaque fois qu’elle organise une manifestation. «La Rti vient quand elle veut. Par exemple, elle a couvert notre tournée à Gagnoa et non celle de Man.

C’est pareil pour nos activités à Abidjan », soulignera-t-il. Que ce soit du côté de Liberté et démocratie pour la République (Lider) de Mamadou Koulibaly, du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (Rpp) de Laurent Dona Fologo ou de l’Union républicaine pour la démocratie (Urd) de Danielle Boni Claverie, l’on accuse la Rti de boycotter les activités de l’opposition.

«Nos activités ne sont pas couvertes par la télé. Récemment, nous avons reçu à notre siège les représentants du Rpp dans les universités. Il y avait au moins 500 personnes. La Rti n’est pas venue, alors que la presse écrite était-là », a fait observer Ouattara Gnonzié, secrétaire général du Rpp. A Lider, c’est le temps de passage des éléments et la façon de les traiter qui sont remis en cause.

« La télé vient à nos manifestations, quand on adresse un courrier. Mais le temps de diffusion est très court par rapport au contenu et ce qui est développé. Elle est évasive sur le fond de notre communication. Nous savons tous qu’elle fait la part belle aux clubs de soutien du Président Alassane Ouattara et au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) », a rélévé Lacina Karamoko coordinateur à Lider.

Le conseiller en communication du président Bédié, Emile Ebrotié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire est d’un avis contraire. «Chez nous, au Pdci, on n’a pas de problème avec la Rti», a-t-il assuré.

A la Maison bleue, Lanciné Koné, directeur de l’information est catégorique : «Nous n’avons pas reçu de courrier du Fpi ». Pour lui, la télévision nationale a toujours détaché des journalistes pour suivre ce parti, quand elle est informée. « Si le programme est long, nous choisissons les grandes étapes. On le fait avec tous les partis », a-t-il rectifié.

M. Koné pense tout de même que ce n’est pas à la Rti de relayer sur ses chaînes «des propos injurieux». «Nous avons un devoir. Nous ne pouvons pas présenter des propos qui visent à soulever les populations. Nous les comprenons, parce que nous ne faisons pas passer ce qu’ils veulent », a-t-il admis.

Le directeur de l’information a souligné que même lorsque ses services sont conviés à assurer la couverture d’une cérémonie, il faut qu’elle soit importante pour dépêcher une équipe de reportage. Après avoir rappelé ses trente années passées à la Maison de la télé, il estime qu’aujourd’hui, cette structure fait l’effort de s’ouvrir.

Et d’annoncer : «Toutes nos émissions de débat vont reprendre». Par ailleurs, il a dit ne pas comprendre l’attitude des frontistes qui refusent de participer aux débats télévisés. « Même pour réagir sur les discours du président de la République, ils reportent jusqu’à ce qu’on soit hors délai», a-t-il déploré.
 
Sanou A.