Près de 516 millions de dollars, c’est l’estimation faite par Ocha des besoins humanitaires pour l’année 2018 en Centrafrique. A savoir 16 millions de plus que l’an passé parce que la crise s’est aggravée en 2017 et que le pays a connu une augmentation de plus de 70% du nombre de déplacés, les besoins sont toujours plus urgents en termes d’hygiène, de protection ou encore de sécurité alimentaire. Si à Bangui la situation demeure meilleure que dans le reste du pays, on souffre également de la faim dans les quartiers pauvres de la capitale.
Quartier Fondo. L’un des plus pauvres de Bangui. Plusieurs maisons récentes s’érigent au milieu des ruines. Il y a un an, les déplacés du camp de Mpoko revenaient ici, après trois ans d’absence.
Francia est en train de récurer les assiettes qui n’ont accueilli que quelques feuilles et du manioc pour tout repas : « Parce qu’on n’arrive pas à trouver d’argent, on ne mange presque jamais de viande ».
Son beau-frère, Armel est à quelques mètres d’elle. Ils sont onze à vivre dans cette petite maison de terre cuite et ne se nourrissent souvent qu’une fois par jour : « Je gagne 1 500 francs CFA et parfois il y a des jours où l’on ne mange pas, on trouve juste de quoi boire un peu de café le soir ».
Lorsqu’il a du travail, il façonne des briques pour gagner sa vie et fait pousser quelques plantes dans son carré de jardin. « Hormis certaines ONG qui viennent reconstruire des maisons, ici, on n’a jamais vu le PAM (Programme alimentaire mondial NDLR) ou personne qui vient nous distribuer à manger ».
Aux yeux de la communauté internationale, Armel et sa famille ne font pas partie des 700 000 Centrafricains qui ont un besoin urgent d’aide alimentaire. Mais ils continuent de se demander comment se nourrir demain.
Des déplacés à Bangui, en RCA, le 25 novembre 2015. © REUTERS/Siegfried Modola