Les audiences se sont terminées plus rapidement que prévu dans le procès en appel de Jean-Pierre Bemba. La Cour pénale internationale (CPI) avait prévu cinq jours, il n'en aura fallu que trois pour entendre les différents points de vue sur les points d'appel de la défense comme de l'accusation. Pour rappel, l'ancien vice-président congolais avait été condamné à 18 ans de prison pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Centrafrique. On ne connait pas encore la date à laquelle la chambre d'appel va rendre son verdict.
Le parti de Jean-Pierre Bemba, le MLC, n'a jamais compris la condamnation dont a fait l'objet son président et dénonçait un procès politique, un acharnement contre un homme qui n'est pas sur le terrain, qui ne commandait pas ses troupes mises au service d'un président « légitime » : Ange-Felix Patassé qui lui n'a jamais été inquiété. Mais pour une fois, la secrétaire générale du MLC, Eve Bazaiba, se dit optimiste quant à la conduite des débats.
« La manière dont les questions ont été posées par la chambre d’appel nous a rassurés, car nous avons vu que nous n’étions pas les seuls à comprendre qu’il y avait quelque chose qui clochait dans tout cela, explique-t-elle. Lorsque l’un des juges pose la question suivante à l’accusation : "dites-nous quelles différences faites-vous entre les faits et la preuve ?", l’accusation balbutie, et ça, c’est très important ».
Pour le bureau du procureur, cet appel est important, car il s'agit pour lui d'obtenir une condamnation plus lourde encore pour que toutes les victimes et pour que tous les crimes soient pris en compte dans la peine.
« Pour le procureur, la peine globale devrait être supérieure à la peine de 18 ans qui a été prononcée pour le crime de viol seul, affirme Pascal Turlan, le chargé des relations extérieures au bureau du procureur. Il est important de refléter la multiplicité des crimes en allant au-delà de la peine prononcée pour un seul de ces crimes ».
Le bureau du procureur se dit lui aussi confiant, mais se pliera bien sûr à la décision de la chambre d'appel.
Jean-Pierre Bemba, lors d'une audience au tribunal de La Haye le 21 juin 2016. © REUTERS/Michael Kooren