Le gouvernement congolais, l'OMS et leurs partenaires ont entamé lundi les vaccinations à Bikoro et Iboko, localités reculées de l'ouest de la RD Congo, d'où est partie l'épidémie d'Ebola, il y a trois semaines.
La deuxième phase de vaccination contre le virus Ebola a démarré en République démocratique du Congo. Alors que 35 cas confirmés, incluant 12 décès, ont été rapportés depuis le début de l’épidémie il y a trois semaines, les premières équipes de Médecins sans frontières (MSF) sont arrivées lundi 28 mai dans la ville reculée de Bikoro, l’un des épicentres de la maladie dans le nord-ouest du pays.
L’Organisation mondiale de la santé, à la tête de la lutte préventive contre l’épidémie, a annoncé mardi être "prudemment optimiste" sur les progrès de la première phase, conduite depuis le 23 mai à Mbandaka, capitale provinciale de l’Équateur, où quatre cas de cette fièvre hémorragique hautement contagieuse ont été confirmés. La ville de plus d’un million d’habitants, important nœud commercial au bord du fleuve Congo, "était notre première priorité", a affirmé Peter Salama, directeur exécutif du programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de l’OMS, lors d'un point presse sur la situation au siège de l'OMS, à Genève.
En plus d’avoir une haute densité de population, "elle est sur le fleuve, qu’il faut voir comme une autoroute dans cette zone", ce qui augmente drastiquement les risques de propagation de l’épidémie, y compris à la république du Congo (Brazzaville) voisine.
Un vaccin expérimental très efficace
"Maintenant, nous nous concentrons sur les origines de l’épidémie", poursuit Peter Salama. La localité d’Iboko, second épicentre de l’épidémie, doit aussi accueillir des équipes sanitaires dans les prochains jours. L’OMS, de concert avec le ministère congolais de la Santé, MSF, l’Unicef et la Croix-Rouge, utilise un vaccin expérimental dans les zones à risques, le "rVSV-ZEBOV", fabriqué par le laboratoire américain Merck. Le vaccin n’a pas encore reçu d’autorisation de mise sur le marché, mais s’est avéré efficace à 100 % dix jours après son inoculation lors de tests cliniques en Guinée, en 2015. Les recherches, toujours en cours, ont démontré qu’il protégeait du virus pendant au moins un an. Les patients doivent signer un acte de consentement pour recevoir le traitement expérimental, ce à quoi "aucun refus n’a été signalé" pour le moment, selon Peter Salama.
Face à l’impossibilité de mener une campagne de vaccination à large échelle ou de mettre en place un cordon sanitaire dans les zones à risques, l’OMS a choisi d’effectuer une vaccination "en anneau", qui consiste à administrer le vaccin aux personnels soignants, aux personnes avec qui les cas confirmés ont été en contact, aux contacts de ces contacts, et aux personnes potentiellement exposées au virus (agents de sécurité et chargés de l’inhumation notamment). À Mbandaka, aucune augmentation significative des cas n’a été reportée depuis que 400 personnes, soit 90 % des personnes identifiées à risque, ont été vaccinées.
"C’est vraiment une nouvelle phase dans la riposte contre la maladie du virus Ebola, je crois que c’est un pilier additionnel à toutes les autres mesures d’hygiènes, de lavage des mains, à toutes les mesures d’enterrements sécurisés, à toutes les mesures de surveillance des personnes qui ont été en contact avec la maladie", affirme le ministre congolais de la Santé, Oly Ilunga, lui-même vacciné ce week-end...
© Junior Kannah, AFP | Une équipe de l'OMS à Mbandaka, dans l'ouest de la RD Congo, le 21 mai 2018.