A part que leurs sièges respectifs ne sont plus trop fréquentés, les principaux partis politiques de la place sont en proie à de réelles difficultés d’organisation et de fonctionnement.
Ce n’est plus la grande fièvre militante. Plusieurs raisons expliquent pourquoi les étendards sont tous, ou presque, en berne dans les états-majors politiques. Au nombre des justificatifs de la léthargie dans laquelle baignent des partis, figure, en bonne place, l’enjeu contextuel. C’est que la préparation des élections générales, avec la présidentielle comme point d’orgue, les a tenus en haleine des années durant.
Maintenant que la désignation du président de la République a été faite en 2010, suivie de celle des députés, des maires et des présidents de conseils généraux, d’autres centres d’intérêt préoccupent les formations politiques ivoiriennes.
Aujourd’hui, la tendance générale est à la réorganisation structurelle et au repositionnement. Avec pour objectif commun la bataille pour une autre campagne de renouvellement de la classe politique, en 2015. Seulement voilà, dans l’entre-deux échéances électorales, on constate que la ferveur de la mobilisation a considérablement baissé.
Conséquence, les associations politiques passent pour être des lampions. Ces lanternes qui s’éteignent et se rallument selon que l’intensité du courant qui les alimente baisse ou s’estompe. Ainsi, gagnent-elles soudainement en animation selon que leurs agendas respectifs le leur imposent.
Les grandes manœuvres des Qg bouillonnants sont du coup devenues des souvenirs lointains, sauf que dernièrement le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), et l’Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci) se sont démarqués.
Ils ont organisé, respectivement début octobre et à la mi-décembre, leurs congrès ordinaires. Ces formations politiques se sont dotés de nouvelles ossatures. Mais derrière ces embellissements se cachent de gros ennuis qu’ils essaient tant bien que mal de tenir loin des indiscrétions. De quoi s’agit exactement? En effet, après le « rajeunissement » du Pdci, par exemple, des cadres disent avoir été écartés par les nouvelles nominations.
« Frustrés », selon eux, ils ont non seulement levé le pied, mais ont monté leurs partisans contre la présidence du parti. Henri Konan Bédié, président du Pdci, s’est parfois retrouvé à les contenter, en leur trouvant de nouveaux points de chute. Ceci fait, le secrétaire exécutif du plus vieux est à l’œuvre mais il doit faire face à une autre fronde sournoise. Celle-là étant liée à la division des militants du Pdci sur la candidature unique du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).
A l’Udpci, c’est sensiblement le même dilemme qui se pose au président de cette formation arc-en-ciel. Albert Toikeusse Mabri, candidat unique à sa succession, fraîchement réélu à la tête de sa famille politique est appelé à former une nouvelle direction dans un mois. Il ne peut désigner ses nouveaux collaborateurs sans tenir compte de l’« injustice » qu’il aurait infligée à des partisans, selon ces derniers. Difficile donc d’aller de l’avant, sans une paix des ‘’héritiers‘’ du général Robert Guéï. Albert Toikeusse Mabri qui tient à éviter une fracture à son équipe, cherche la meilleure formule de réconciliation, à en croire ses proches.
D’autres houphouétistes à l’instar du Rdr et du Mfa sont en proie à des problèmes internes.
La direction du parti présidentiel tente à coup d’inlassables communications de se rapprocher de sa base. Amadou Soumahoro, son secrétaire général par intérim, a même mis en place une cellule d’écoute. Histoire pour lui de recueillir les préoccupations et autres suggestions des locataires de la ‘’case verte‘’. Mais les républicains dans leur ensemble disent attendre un congrès pour dire leurs quatre vérités. En attendant, ils ne boudent pas la moindre occasion pour adresser des coups de gueule à la direction de leur parti.
Au Mfa, Innocent Anaky Kobena, le président de cette formation politique, gère délicatement une dissidence. Elle est dirigée par Antoine N’Gbala Yao. Ce dernier parle désormais au nom du Mfa, depuis qu’un « congrès » l’a « élu » à la présidence du mouvement. Un parti, deux têtes ? Le ministère de l’Intérieur saisi par les frondeurs n’a pas encore tranché.
Dans l’opposition, le parti rival au régime n’a pas une santé reluisante. Le Front populaire ivoirien (Fpi), n’a pas de siège, pas de financement, pas d’accord avec son adversaire le Rdr. Les frontistes sont aussi divisés. Car, des cadres disent avoir fait les frais du renouvellement de la direction par Pascal Affi N’Guessan. Des militants de Botro soutenus par certains de leurs camarades de Bouaké ont même menacé de « boycotter » d’éventuelles activités de leur parti s’il s’aventurait sur leur ‘’territoire‘’.
C’est qu’ils se reconnaissent en Eugène Kouadio Djué qui a été « injustement » écarté de la direction, justifient-ils leur colère. Le parti de Laurent Gbagbo a besoin de renflouer ses caisses. Il a organisé à cet effet une collecte auprès de ses militants. Le Fpi compte sur des états généraux de la République pour reprendre la main sur l’échiquier politique. Mais il peine à convaincre le pouvoir à adhérer à ce projet.
Bidi Ignace
Rdr, Pdci, Fpi…: Pourquoi ils sont en panne? - Photo à titre d'illustration