La thèse de Trafigura, compagnie affréteuse du Probo Koala, selon laquelle les déchets pétroliers déversés en Côte d’Ivoire ne seraient pas dangereux, vient d’être battue en brèche par les résultats d’une étude menée par un collectif de scientifiques.
L’horizon s’annonce très brumeux pour Trafigura, la société affréteuse du Probo Koala qui, en août 2006, avait déversé des déchets pétroliers dans le district d’Abidjan. C’est du moins ce qui ressort de la conférence de presse animée récemment par Rymer Bright, président du Conavidet-Ci dans les bureaux annexes du collectif situés à Koumassi Sopim sous le thème : ‘’Procédures Pénale et Civile contre Trafigura et recommandations à mettre en œuvre suite aux résultats des Travaux de Recherche sur les déchets pétroliers du Probo Koala effectués par le professeur BOGUI Pascal et son équipe’’.
« Ayant pris connaissance de la gravité de la situation grâce aux travaux de recherches du Professeur Pascal Bogui et son équipe, nous les victimes des déchets toxiques déversés par le Probo Koala, avons décidé d’unir nos forces et lutter jusqu’à ce que justice soit rendue », a indiqué M. Bright.
En effet, selon le conférencier, une étude menée par le Professeur Bogui Pascal et spécialiste en pneumo-phtisiologie, révèle que l’inhalation involontaire et de longue durée (4 mois) des émanations dégagées par les déchets pétroliers a, d’abord provoqué une augmentation de la fréquence des symptômes d’irritation chronique des voies respiratoires, Orl et digestive.
Toute chose qui, pour le président du Conavidet-Ci, établit la réalité de certaines plaintes formulées par les victimes des déchets toxiques déversés par le Probo Koala. Enfin, cette inhalation a provoqué des altérations fonctionnelles documentées au plan respiratoire dont la gravité peut aboutir à l’induction d’un asthme chez 20% environ des personnes exposées.
Résultat qui, bien entendu, témoigne de la toxicité très élevée des émanations dégagées par lesdits déchets sur le fonctionnement de l’appareil respiratoire. Puis, Rymer Bright d’affirmer que, selon les résultats du spécialiste en pneumo-phtisiologie, les personnes exposées dont l’âge se situe dans la fourchette de 19 ans en moyenne sont similaires à celles recueillies chez des fumeurs réguliers d’âge moyen égal à 45 ans et ayant fumé environ 30 cigarettes par jour pendant 20 ans.
C’est pourquoi le Conavidet-Ci recommande de l’Etat, qu’il reconnaisse par voie de déclaration, la nature toxique des déchets déversés par le Probo Koala. Pour Rymer Bright, cette déclaration permettra de conclure que le déversement de ces déchets a violé la Convention de Bâle relative aux mouvements transfrontaliers des déchets dangereux ; celle de Bamako qui pose le principe de l’interdiction générale d’importation de déchets dangereux en Afrique organisée par les pays non africains et enfin le code de l’environnement interdisant l’importation, l’exportation, l’enfouissement dans le sol ou le rejet dans la mer des déchets dangereux.
A côté de cela, le collectif souhaite la révision du procès d’Abidjan, d’autant que cette disposition donnera la possibilité aux victimes d’engager, à la fois en Côte d’Ivoire, en France et en Angleterre, des poursuites pénales et civiles contre Trafigura.
Mieux, le président du Conavidet-Ci a fait de la détermination de la liste officielle ainsi que de leur statut, une préoccupation majeure. Faut-il le rappeler, les résultats de l’étude du Professeur Bogui ont été rendus publics au cours d’un atelier de restitution organisé au Bureau régional de la Banque mondiale le 28 juin 2012 et placé sous le haut patronage du Professeur Henriette Dagri Diabaté, la Grande Chancelière de la République de Côte d’Ivoire.
Quant au Collectif national des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire, il a été porté sur les fonds baptismaux en novembre 2013, avec pour mission de faire en sorte d’unir toutes les victimes et les associations de défense des Droits des victimes, afin d’utiliser les résultats des travaux de recherche du Professeur Bogui Pascal sur les émanations des déchets pétroliers au profit de toutes les victimes. Bref, faire en sorte que les coupables soient jugés et que les victimes soient enfin indemnisées et suivies médicalement.
Serges Mignon
Photo d'Archives / Des scientifiques sur les lieux où ont été déversés des déchets toxiques