Le débat de la semaine de Nord-Sud Quotidien s’est poursuivi ce samedi à Cocody, en marge du conclave du Réseau des amis de la Côte d’Ivoire (Raci). Les débatteurs ont estimé que seule une société civile forte peut endiguer les maux qui minent la société ivoirienne.
La société civile existe bel et bien en Côte d’Ivoire. Mais quelle est son efficacité face aux fléaux sociaux ? Les membres du Réseau des amis de la Côte d’Ivoire (Raci), une structure apolitique, ont discuté du sujet sans passion et sans faux-fuyant, samedi. Les échanges se sont déroulés en marge du premier conclave du Réseau au siège de l’ancien siège du conseil général de Korhogo, à Abidjan-Cocody. Tous conviennent qu’une société civile forte contribuerait à renforcer le tissu social, en vue de lutter efficacement contre la corruption et booster le processus de réconciliation.
«Je crois que la société civile a en quelque sorte démissionné», se désole Mme Konaté, épse Ouattara Ramata. Elle est membre du Centre solidarité investir dans les filles et dans les femmes (Csiff). Selon elle, la société civile est manipulée par les politiques. Le député-maire de Niofoin (département de Korhogo) partage ce triste constat. Mais il ne condamne pas pour autant la société civile. Pour lui, l’opinion de cette dernière peut être reprise par un parti politique. «En ce moment, l’organisation en question ne doit pas avoir honte de constater que ses idéaux sont épousés par un parti politique», argumente Kanigui Mamadou Soro. Il est le président du Raci.
«Depuis que le monde est monde, poursuit-il, les sociétés civiles ont toujours eu une ligne idéologique. Cette ligne peut se rapprocher d’un camp politique, concède-t-il, sans pour autant faire d’elle un suppôt pour un parti politique». Cependant, il tient à la souveraineté des organisations non gouvernementales. Un autre débateur, Bagaté Ben Assane, consultant en gouvernance et consolidation de la paix, regrette le fait que l’apport réel de la société civile ne soit pas remarqué dans la vie des Ivoiriens. Pour avoir travaillé avec un bon nombre de ces organisations, dit-il, il révèle que celles-ci se disent rejetées. «Elles essaient de se faire une place tant bien que mal, mais elles n’influencent pas les décisions des gouvernants.
La plupart d’entre elles parle de manque de moyens», explique-t-il. Sylla Soualio, lui, est le maire de la commune de Tiassalé. Il est surtout le vice-président du Raci. Il dit avoir bon espoir quant à l’avenir de la société civile en Côte d’Ivoire. «Il faut savoir qu’elle est partie intégrante de la société. Ses opinions peuvent être interprétées de diverses façons», fait-il remarquer. Aussi promet-il que leur mouvement fera l’effort pour être «le plus indépendant possible». Ce sont là autant d’avis au sein du Raci qui convainquent que le débat sur la crédibilité de la société civile ivoirienne est loin d’être clos. Une chose est sûre, la société civile en Côte d’Ivoire est dans sa phase de construction.
Ténin Bè Ousmane
Réconciliation, corruption, cherté de la vie… - Une société civile plus active réclamée - Photo à titre d'illustration