Intervenant sur ivoire.tv en France où il a séjourné, le Premier ministre Charles Konan Banny a fait une grave révélation sur les obstacles qui ont jonché sa mission de réconcilier les Ivoiriens.
Nombreux sont les Ivoiriens qui se demandaient pourquoi Banny n’a pas cherché à rencontrer le président Gbagbo à la Haye lorsqu’il était à la tête de la commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr)? Tous ceux qui ont suivi son intervention sur Ivoire.tv lors de son séjour en France ont la réponse à cette question.
Interpellé sur la question par le journaliste de ladite chaine en ligne, l’ex-président de la Cdvr a fait une grave révélation en déclarant ce qui suit : « Concernant le président Gbagbo, j’avais toujours dit qu’il ne pouvait pas être exclu du processus de réconciliation nationale. J’avais donc décidé d’aller le rencontrer à la Haye. Je m’en suis ouvert au chef de l’Etat qui m’avait mis en mission. Il m’a répondu que ceux qui sont détenus dans les liens de la justice pénale ne sont pas concernés par la réconciliation nationale ».
A partir du moment où le président Ouattara qui l’avait mis en mission lui a clairement indiqué que le président Gbagbo détenu à la Haye n’était pas concerné par la réconciliation, Banny n’avait plus aucune raison d’aller le rencontrer. Pout tout dire, à entendre le président Banny, c’est Ouattara qui l’a empêché d’aller rencontrer le président Gbagbo.
Sur interpellation du journaliste, Banny a également dit quelques mots sur sa participation aux obsèques de la maman du président Gbagbo. Pour lui, son acte était « purement humain et de solidarité d’un ivoirien à l’endroit d’un autre ivoirien qui plus est a été le premier citoyen de ce pays et qui se trouve en prison loin de la mère patrie au moment où il perd sa mère ».
Le président Banny a même révélé d’une part que son grand frère Jean Konan Banny a fait la prison dans les années 60 avec le père du président Gbagbo, et d’autre part que la dernière épouse de son père était de Ouragahio. Ceci pour dire que sa participation aux obsèques de la maman de Gbagbo n’avait rien « d’intérêt politique » encore moins de « symbole ».
Le premier ministre Banny s’est également prononcé sur la condamnation de Simone Gbagbo à 20 ans d’emprisonnement ferme. « Ce verdict ne favorise pas la réconciliation. C’est étonnant que dans une guerre qui a opposé deux camps, on ne juge que ceux d’un camp. Cela ne rassure pas les ivoiriens ».
Et Banny de rappeler que dans son rapport il a recommandé « l’équité dans les jugements, la recherche de la vérité et le respect d’un certain nombre de valeurs dont le respect de la différence et la démocratie ».
Aussi, Banny a –t-il indiqué que sa candidature à la présidence de la République répond à sa volonté de « sortir notre pays définitivement de la division dans laquelle les hommes politiques l’ont plongé depuis la mort du président Houphouët-Boigny ». Pour lui, depuis la disparition du premier président du pays « la Côte d’Ivoire n’est plus la même. Les ivoiriens n’ont plus confiance les uns dans les autres ».
Boga Sivori
Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr)