L’Evêque du diocèse d’Agboville, Mgr Alexis Touably Youlo, président de la Commission locale Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), a réclamé la prorogation du mandat de l’institution, déplorant le temps trop court accordé à la Cdvr pour aider à la réconciliation entre les Ivoiriens.
« C’est même utopique de parler de réconciliation en si peu de temps », a soutenu le prélat, mardi dernier lors d’un entretien avec la presse à Agboville. Il affirme qu’il est impossible de panser les cœurs après six mois d’exercice, depuis la mise en place des commissions locales, dont celle de l’Agnéby-Tiassa.
« Mon souhait est donc qu’on rallonge le temps de travail de la Cdvr », a ajouté Mgr Touably qui a affirmé qu’on ne peut pas réconcilier les cœurs, comme on plante du manioc, pour lequel on connaît le moment de récolte.
« Réconcilier des cœurs meurtris n’est pas de l’ordre physique et demande plus de temps », a affirmé l’évêque d’Agboville. Il pense qu’au moins dix ans de travail sont nécessaires, pour réparer une année de guerre, selon une enquête d’une revue spécialisée.
Mgr Alexis Touably Youlo soutient que l’on ne peut pas parler d’échec de la Cdvr, mais plutôt, de difficultés pratiques. « Le temps a été trop court », a-t-il déploré, tout en rappelant que la fin du mandat de la Cdvr est prévue pour le mois de septembre.
Le président de la conférence épiscopale a fait remarquer que la réconciliation en Côte d’Ivoire y va de la liberté des hommes qui peuvent être soit d’accord, soit ne pas être d’accord ou encore exprimer leur indifférence.
Il a assuré que la commission locale est, pour l’heure, au travail en rencontrant les différentes communautés. « Chacun est libre de nous ouvrir son cœur et c’est difficile, car on n’ouvre pas un cœur comme on ouvre la porte d’un château », a rappelé l’homme de Dieu.
Mgr Touably a confirmé que certaines délégations de la Cdvr locale ont été refoulées de quelques domiciles, lors de tentatives d’entretien, avec des personnes encore meurtries par les souffrances engendrées durant la crise post électorale. « C’est difficile, car les gens souffrent encore et il faut absolument permettre aux gens de transcender les douleurs », a-t-il dit, proposant d’aller avec douceur.
« Quand la nation te demande un service, tu ne dois pas refuser l’appel et c’est pourquoi, nous n’avons pas renoncé à l’appel, sinon, nous avions de fortes appréhensions qui se confirment », a conclu l’Evêque.
Réconciliation nationale : Mgr Alexis Touably plaide pour une prorogation du mandat de la CDVR - Photo à titre d'illustration