Réflexions à Abidjan sur le travail des soins non rémunérés

  • 08/11/2024
  • Source : APA
Des experts, réunis à Abidjan, tablent sur le travail des soins non rémunérés des femmes, la principale thématique de la 3e édition du Colloque international sur l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest.

La session de cette 3 e édition du colloque centré sur le travail ménager des femmes s’est ouverte, ce jeudi 07 novembre 2024, autour du thème : « Solutions innovantes pour la reconnaissance, la réduction et la redistribution du travail des soins non rémunérés des femmes en Afrique de l’Ouest : de la recherche action à des réformes effectives ».

Cet événement d’envergure internationale, porté par le Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES), connaîtra son épilogue ce vendredi 8 novembre 2024, avec un document stratégique sur le travail ménager non rémunéré des femmes.

Selon Dr Ibrahim Diarra, les travaux domestiques et les tâches non rémunérées, qui pèsent de façon disproportionnée sur les femmes, constituent un défi à relever. Les femmes consacrent trois fois plus de temps que les hommes aux soins domestiques et aux travaux non rémunérés.

Ces assises visent à faire le plaidoyer auprès des autorités afin de prendre des textes de lois pour « réduire le temps » que les femmes mettent pour les tâches domestiques pour se consacrer à d’autres activités qui génèrent des revenus, ce qui favoriserait leur autonomie économique, a-t-il dit.

La réduction de ce temps consacré aux activités ménagères « peut se faire également avec une implication beaucoup plus accrue des hommes qui apportent un appui à ces femmes sur un certain nombre de tâches qui sont réalisées dans le foyer », a-t-il ajouté.

« En Afrique de l’Ouest, ce temps peut représenter jusqu’à 60% du temps de travail des femmes, ce qui réduit significativement leur disponibilité pour des activités rémunératrices et leur progression professionnelle », a fait observer Dr Ibrahim Diarra.

Pour transformer cette réalité, Dr Diarra Ibrahim soutient qu’il est nécessaire d’adopter une approche intégrée autour des concepts de reconnaissance, de réduction et de redistribution du travail de soins non rémunérés.

Pour lui, il faut reconnaître la valeur économique et sociale du travail qu’abattent les femmes de façon régulière. Car, « bien que non rémunéré, ce travail est essentiel au bien-être des ménages et au bon fonctionnement des économies ».

Dr Ibrahim Diarra défend que les mesures comme l’inclusion du travail de soins non rémunérés dans les comptes nationaux peuvent contribuer à booster le PIB. Cela passe par une réduction de la charge de travail des femmes pour leur donner du temps pour d’autres activités économiques.

« Cette réduction peut se faire par des investissements dans les infrastructures comme l’accès à l’eau ou des centres de soins et la mise en place de service de garderie d’enfants qui allègent la charge des femmes, notamment en milieu rural », a-t-il poursuivi.

Toutefois, il est essentiel de redistribuer ce travail de manière plus équitable entre les sexes, au sein des ménages comme au niveau sociétal, a-t-il insisté, soulignant que « cette redistribution appelle à un changement de normes sociales et la promotion d’une participation plus active des hommes aux tâches domestiques. »

Évoquant l’ampleur des conditions des femmes, notamment dans la région Subsaharienne, Anna Bailly, représentante de la représentante résidente d’ONU Femmes, a déclaré qu’« il urge donc d’agir » pour l’atteinte des ODD relatifs à l’égalité des sexes.

Elle s’est réjouie de cette réunion des experts, des décideurs et des acteurs de la société civile à ce colloque en vue de trouver des solutions à la problématique des tâches domestiques et des soins non rémunérés, auxquels font face les femmes.

Anna Bailly a rappelé qu’en Afrique subsaharienne, la majorité des femmes disposent d’emplois vulnérables et d’autres rencontrent des difficultés pour l’acquisition de prêts pour le développement de leurs entreprises.

« Si les tendances actuelles se poursuivent jusqu’en 2030, près de 220 millions de femmes et de filles vivront encore dans une extrême pauvreté », a fait remarquer la représentante de la représentante résidente d’ONU Femmes.

Ce colloque couvre trois axes thématiques, dont la transformation du travail des soins non rémunérés dans un contexte de changement climatique, la création de solutions innovantes et la redistribution du travail des soins, et l’élaboration de politiques inclusives et innovantes.

AP/Sf/APA