« Sur ces fondations, nous avons des écrits des constructeurs qui nous donnent les difficultés avec lesquelles ils ont réalisé le pont Houphouët-Boigny. J'ai même un historique où les constructeurs se sont désengagés. Ils ne voudraient pas être interpellés sur cet ouvrage, si d’aventure, il y avait une catastrophe », a souligné Hervé Bado Koudou, chef de service Ouvrage, à la Direction de l'Agence de gestion des routes (Ageroute).
Il a fait cette révélation, le lundi 9 avril 2018, à ses bureaux, au Plateau, pour montrer l'urgence de la réhabilitation de cette œuvre d'art vieille de 60 ans. «Ce qui veut dire qu'à un moment donné, on était obligé de prendre nos responsabilités. Soit on le réhabilite, soit on le laisse en ruine. On ne peut pas le laisser en ruine. C'est un ouvrage emblématique pour nous. Aujourd'hui, c'est de le remettre en état pour un fonctionnement structurel. C'est-à-dire, on le remet aux normes, au standard internationaux », a-t-il souligné. M.Koudou a indiqué que ce projet de renovation remonte à plusieurs décennies. Les alertes de la réhabilitation du pont Houphouët-Boigny ont été lancées depuis 1996.
« Nous avons fait l'étude avec un groupement d'étude français, financé par l'Agence française de développement (Afd) qui nous a fait des propositions. Ce sont ces études qui ont été actualisées en 2013/2014, qui nous ont donné les coûts. Mais, c'est toujours avec des solutions. Dans ces solutions, on avait une partie des anciennes fondations qui ont été maintenues. Les montants variaient de 21 à 30 milliards de francs Cfa. C'étaient des valeurs hors taxes. Aujourd'hui, la solution qui est proposée, qui est la meilleure, nous permet d'abandonner toutes les fondations », a fait savoir l'expert. Il a expliqué que les travaux, en eux-mêmes, consistent à abandonner les fondations existantes de l'ouvrage. Donc, à réaliser de nouvelles fondations, de nouveaux pieux par appuis. Il s'agit, a-t-il insisté, de remettre le pont Houphouët aux internationales. « Les normes ont évolué depuis 1954. Les règlements de calcul des bétons ont évolué », a-t-il fait remarquer.
Il s'agira d'un renforcement des fondations des appuis, à l’aide de pieux complémentaires réalisés de part et d’autre des appuis, à l’aide de moyens fluviaux et/ou à partir du tablier. De même, les travaux consisteront à un renforcement des appuis auxquels seront apportées des structures permettant de transférer, partiellement, les réactions d’appuis sur les pieux complémentaires. Quant au tablier, il sera également consolidé par le renforcement des caissons, pour les insuffisances de résistance constatées par un rajout de précontrainte extérieure et/ou par rajout de tissu à fibres de carbone. Le spécialiste a ajouté que les équipements et superstructures sont concernés. Une réhabilitation des bossages d’appuis, de l’étanchéité, de la couche de roulement, des bordures et des dispositifs de retenue, sera faite en plus du remplacement des appareils d’appuis en cas de besoin, des gardes corps, des dispositifs d’évacuation des eaux...
Réhabilitation du pont Houphouët-Boigny : Un expert fait de graves révélations