A Bouaké, la vie a repris son cours normalement après les incidents entre policiers et ex-combattants démobilisés qui ont fait 4 morts mardi. Des démobilisés qui ont bloqué pendant presque 24 heures l’accès sud de la ville, carrefour commercial de la région. Un épisode qui s’ajoute aux quatre jours de blocages par les militaires mutins, il y a deux semaines. Ces mutineries et poussées de fièvre à répétition ne sont pas sans conséquence pour la deuxième ville du pays.
Au grand marché de Bouaké, on se réjouissait ce mercredi matin de voir revenir les clients. Hier et avant-hier, ils avaient préféré rester chez eux par crainte d’éventuelles violences de la part des démobilisés.
Solo vient chaque jour aider son père à vendre des téléphones et des batteries. Et il constate les conséquences de ces flambées récurrentes. « C’est très mauvais pour l’image de Bouaké, puisqu’à chaque fois qu’il y a une mutinerie on dit que c'est à Bouaké. Bouaké est donc considérée comme une ville de rebelles ce qui n'encourage pas les investisseurs à venir ici. Les entreprises sont fermées, il n’y a pas de travail. S’il n’y avait pas de mutineries, on pourrait espérer que les investisseurs viennent ici pour que nous les jeunes trouvions du travail », affirme-t-il.
Bouaké est aussi un important centre universitaire en Côte d’Ivoire. Et les étudiants payent, eux aussi, le prix des revendications des mutins ou ex-combattants.
Anne Audrey, étudiante en licence d’histoire, ne cache plus son ras-le-bol : « C’est plus qu’un ras-le-bol parce que cela nous met en retard. Aujourd’hui normalement nous devions avoir cours, mais à cause des événements d’hier, les professeurs ne sont pas venus. La majeure partie des enseignants vient d’Abidjan. A Abidjan, ils se disent que Bouaké est actuellement sous tension avec les démobilisés et les mutineries à répétition. Ils ont peur et préfèrent attendre pour venir. Les examens seront décalés. Cela nous fait prendre du retard, alors que nous voulons terminer au plus vite pour trouver un peu d’argent pour financer les études de l’année suivante. »
Oubliés, abandonnés, des qualificatifs qui reviennent souvent dans la bouche des Bouakéens qui exhortent les autorités à trouver des solutions.
Un vendeur ambulant de pétrole dans une rue de Bouaké, le 16 mai 2017. © REUTERS/Luc Gnago