Après les mutineries de début janvier en Côte d’Ivoire, les militaires ont déjà touché cinq millions de francs CFA sur les 12 millions promis par le gouvernement. Si l’économie a été ralentie lors de cette période de troubles, certains secteurs tirent désormais leur épingle du jeu. Et pour cause : les mutins commencent à dépenser leur argent.
A Bouaké, ils sont repérables dans les rues au guidon de leur nouvelle moto encore en partie emballée dans du plastique. Pour les habitants, pas de doute : ces conducteurs sont des mutins qui ont touché leurs primes.
« Dès qu’ils ont touché le montant, ils sont venus faire leurs achats », a constaté Abdoulaye Koné, vendeur chez Sovem-Ci. Et de préciser : « S’ils quittent le camp pour venir voir la famille ou faire les courses, comment vont-ils se déplacer ? Il faut l’aide d’un autre moyen de transport que le taxi, la moto est indispensable lorsque l’on voit l’état de la ville. »
Le boom des motos
Dans la ville du centre de la Côte d’Ivoire, les motos les plus vendues sont chinoises ou indiennes avec des premiers prix à 450 000 francs CFA. Kassoum Koné travaille chez Héro. « J’ai fait le tour de certaines casernes et j’ai laissé des prospectus pour qu’ils sachent qu’on est là. Avec Héro, ils ont plus à gagner qu’à prendre des motos d’autres marques », précise le responsable commercial.
Les soldats investissent aussi pour l’avenir. Pour cela, certains se font construire des logements. « Les marchandises sont vendues en ce moment avec les constructions. Si tu veux faire une grande pièce, le prix peut attendre trois millions de francs CFA. Si tu veux faire des villas, ça peut atteindre 10 millions », explique Kanté, responsable d’un magasin de matériaux.
Le même phénomène avait été constaté lors de la mutinerie de 2014. A l’époque déjà, les mutins avaient touché plusieurs millions.
Dans une rue de Bouaké, le 6 janvier 2017.