Le corps de l'ancien Premier ministre et fondateur de l'UDPS sera exposé ce vendredi et demain au stade des Martyrs. Pour ses obsèques, les organisateurs et la famille parlent de festivités pour célébrer le héros Étienne Tshisekedi, qu'on appelle le « père de la démocratie » en République démocratique du Congo (RDC).
Le stade des Martyrs a revêtu sa plus belle robe pour la circonstance. Étienne Tshisekedi est bien là, du moins son effigie domine la façade principale. Ce vendredi, la dépouille mortelle de l’ancien Premier ministre et fondateur de l’UDPS quittera la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire pour le stade où elle sera exposée avant l’inhumation prévue samedi au mausolée érigé dans le domaine familial de Nsele.
La famille et les organisateurs ne veulent pas parler de deuil. « Tshisekedi est un héros », disait l’autre jour une responsable de la jeunesse de l’UDPS qui, comme plusieurs autres membres du parti, est d’avis que « les héros, on les célèbre ».
Et, pour ces obsèques, les ensembles musicaux ont été sollicités pour jouer pendant le déroulement de l’événement. Vendredi : hommages populaires en public, et veillée mortuaire. Samedi, les hommages officiels précédés par une messe des suffrages qui sera dite par l’archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo.
Deux ans et quatre mois
Il aura donc fallu deux ans et quatre mois pour que le corps d’Étienne Tshisekedi soit rapatrié de Bruxelles à Kinshasa. Pourquoi une si longue attente ? Lorsque décède Étienne Tshisekedi, c’est Samy Badibanga, l’un de ses anciens conseillers spéciaux qui est Premier ministre. Il a accepté d’être nommé à ce poste par Joseph Kabila deux mois et demi plus tôt.
Un geste perçu comme une « trahison » dans les rangs de l’UDPS. Pour la famille de l’opposant, il est « inconcevable » de laisser ce gouvernement organiser les funérailles. L’espoir alors, c’est que Félix Tshisekedi, son fils, puisse remplacer Samy Badibanga au poste de Premier ministre en vertu de l’accord politique signé fin décembre 2017.
Finalement, Joseph Kabila débauche pour ce poste un autre UDPS : ce sera Bruno Tshibala. De longs mois s’écoulent sans solution. Les proches d’Étienne Tshisekedi reprochent régulièrement à l’ex-président de faire « obstruction » au rapatriement de l’opposant par « peur », disent-il, de l’accueil triomphal qui pourrait lui être réservé en pleine séquence pré-électorale. Rebondissement en avril 2018, on annonce qu’un accord est enfin trouvé. Étienne Tshisekedi, dit-on, sera de retour en RDC avant fin juin de la même année.
Mais cet accord ne sera jamais appliqué. À qui la faute ? Aujourd’hui le frère de l’opposant Gerard Mulumba, qui négociait pour la famille, accuse Joseph Kabila d’avoir tenté alors un « chantage implicite » : utliser la perspective du retour d’Étienne Tshisekedi en RDC pour convaincre son fils, Félix Tshisekedi, d’accepter à son tour le poste de Premier ministre.
Sur RFI, ce vendredi, Lambert Mende, porte-parole des gouvernements de Joseph Kabila, a parlé d’un « climat de méfiance » réciproque qui aurait empêché pendant plus de deux ans le rapatriement. Quant aux artisans de l’accord de 2018 dans le camp de Joseph Kabila, ils n’ont pas souhaité s’exprimer.
Le cercueil drapé du drapeau qui contient le corps d'Étienne Tshisekedi, figure de l'opposition décédée en Belgique il y a deux ans, arrive à l'aéroport international Ndjili de Kinshasa, en République démocratique du Congo, le 30 mai 2019. © REUTERS/Kenny Katombe