Dans cette interview qu’il nous a accordée, le Camerounais Saïd Penda explique pourquoi il a décidé de réaliser un film-documentaire sur l’ex-chef d’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo.
Vous êtes à Abidjan dans le cadre de la sortie de votre film intitulé : « Laurent Gbagbo : despote ou anti-néocolonialiste…le verbe et le sang ». Certains observateurs pensent que vous êtes en ‘’gombo’’ (en affaires, Ndlr) à Abidjan. Que répondez-vous ?
Ceux qui me connaissent, seront assez choqués d’entendre de telles affirmations. Je précise que le dernier emploi que j’ai occupé après la Bbc (British brosdcasting corporation, un média audiovisuel britannique, Ndlr) était à l’Union européenne où j’étais responsable de la communication pour 18 pays d’Afrique Centrale et de l’Ouest. J’avais un salaire d’environ 10.000 euros par mois (6,5 millions FCfa, Ndlr).
Cet argent je l’ai gagné pour l’emploi que j’occupais. Comprenez donc que je n’ai pas fait ce documentaire dans un objectif financier. Je l’ai réalisé dans un objectif patriotique, panafricain. J’ai fait ce film parce que j’ai été très choqué. Nos dirigeants en Afrique nous ont beaucoup menti. Laurent Gbagbo a été le dirigeant qui a le plus menti aux gens qui croyaient en lui en Afrique.
Les premières victimes du régime de Laurent Gbagbo, étaient ses propres partisans. Il leur a menti en leur faisant croire qu’il était panafricaniste. Mon documentaire le prouve, il ne l’a pas été. C’est à eux qu’il a menti en déclarant qu’il était néocolonialiste. Mon documentaire le confond encore là-dessus, sur la base de faits. Est-ce qu’il était un démocrate ? Le documentaire permet d’affirmer que non. Dans le film, on voit Laurent Gbagbo donner des ordres qui font froid dans le dos. Il dit à ses éléments des forces de l’ordre de ne pas considérer ceux qu’ils ont en face d’eux comme des manifestants mais plutôt comme des ennemis.
Malgré tout, n’avez-vous pas bénéficié du soutien du régime en place pour réaliser ce film ?
Surtout pas. Ça servirait à quoi de vouloir faire un film indépendant et d’aller solliciter l’appui des adversaires de Laurent Gbagbo pour le faire ?
A vous entendre, on dirait que votre film est totalement impartial, dénué de tout parti pris…
Le film a été financé entièrement par Sentinelles communication qui est ma structure de production. Je l’ai financé à 100%. En plus de mes économies, j’ai fait beaucoup de consultance, surtout pour des organisations internationales.
Pendant presqu’une année et demie, je n’ai pas travaillé sur la Côte d’Ivoire en tant que consultant. J’ai travaillé exclusivement dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina Faso, au Togo, au Bénin et au Sénégal. Et sincèrement, le film est rentable. Déjà, près d’une quarantaine de chaînes de télévision internationales s’intéressent à sa diffusion. C’est de l’argent. Pensez-vous que j’ai mis 108 millions FCfa dans ce film pour m’amuser ? Non ! Il va me rapporter de l’argent.
Quelles sont vos prévisions en terme de rentabilité ?
Selon nos prévisions, nous aurons un bon retour sur investissement. Pour l’instant, il est difficile de vous dire le montant exact que cela pourrait nous rapporter, mais je puis vous révéler que les commandes de Dvd sur internet se passent très bien. Des Ivoiriens, des Français et des non-Africains passent la commande de ce film. Le film se vend déjà bien.
Malgré la piraterie ?
Justement, pour éviter cela, nous avons exclu toute vente publique des Dvd. Tout se passe sur internet.
L’opinion camerounaise a été très favorable à Laurent Gbagbo pendant la crise ivoirienne. Qu’est-ce qui peut expliquer votre position aujourd’hui ?
Je tiens à présenter au nom de tous les Camerounais des excuses aux victimes de Laurent Gbagbo. Lorsque je parle des victimes de Laurent Gbagbo, je parle aussi de ses partisans. Je veux présenter mes excuses à tous les Ivoiriens. En réalité, les Camerounais voulaient régler leurs différends avec la France à travers la crise ivoirienne.
Le Cameroun est le seul pays en Afrique noire où on a dû conquérir l’indépendance par les armes. Au Cameroun, l’armée coloniale française a incendié des villages entiers. Ces crimes ne sont pas connus, ces crimes ne sont pas reconnus par la France coloniale, encore moins par la France d’aujourd’hui. Donc pour les Camerounais, la crise ivoirienne a été l’occasion de venir étancher cette soif de revanche sur la France, ce besoin, cette demande pressante de reconnaissance des crimes par la France, commis au Cameroun. Donc ça n’avait rien à voir avec Laurent Gbagbo ou la Côte d’Ivoire. Ça été juste un prétexte pour les Camerounais et je crois qu’ils se rendent compte aujourd’hui, de plus en plus, qu’ils ont été trompés par Laurent Gbagbo.
Certes, vous présentez vos excuses pour le soutien que l’opinion publique camerounaise a apporté à Laurent Gbagbo. Mais certains n’ont pas compris que dans un Cameroun où règne Paul Biya depuis plusieurs décennies, les Camerounais ne soient pas habités par l’idée de balayer devant leurs propres portes avant de venir le faire en Côte d’Ivoire…
Justement. Et c’est cela l’une des raisons pour lesquelles les Camerounais supportaient Laurent Gbagbo. C’est parce qu’ils se disaient que si réellement le combat de la France et de la communauté internationale en Côte d’Ivoire c’était pour la réinstauration de la démocratie, dans ce cas, il fallait commencer par Paul Biya, le faire sauter, lui qui est là depuis un quart de siècle. Voilà la logique des Camerounais ; une logique que je trouve, malheureusement égoïste.
A vous entendre on en viendrait à la conclusion que Laurent Gbagbo est un super homme qui a réussi à manipuler aussi bien ses partisans que l’ensemble des Africains. Est-ce que vous ne surestimez pas Laurent Gbagbo ?
Non et non ! Réellement, cet homme est un génie. Laurent Gbagbo a été un génie politique. Mais, il faut l’avouer, il a été un génie du mal, malheureusement. Parce que, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a des génies du bien qui sèment l’amour. Laurent Gbagbo en ce qui le concerne, a été un génie du mal, comme le prouve mon documentaire.
Je veux donc rester sur mon documentaire pour porter tout jugement parce que c’est un travail scientifique que nous avons fait, avec des preuves à l’appui. Je ne veux pas sortir de mon documentaire parce que là, on risque d’aborder des questions que je ne maîtrise pas du tout. En me basant sur les choses qui ont été rapportées dans mon documentaire, des éléments concrets, je peux dire qu’il a été un génie.
Voyez-vous, quelquefois, j’entends des gens m’interpeller en me disant qu’il est populaire. En réalité, ces gens ont la mémoire courte parce qu’ils ne savent pas grand-chose de l’histoire. Il faut savoir qu’Hitler aussi a été populaire. Il a même été très populaire. Mais la popularité n’exclut pas le fait qu’on ait des idées monstrueuses, qu’on soit guidé par des idées monstrueuses. Et ça, Laurent Gbagbo l’a été.
Votre film arrive sur les écrans au moment où les Ivoiriens semblent bien engagés sur la voie de la réconciliation. Ne craignez-vous pas d’être considéré comme celui qui retourne le couteau dans la plaie ?
Bien au contraire ! Je pense que ce film va beaucoup aider les Ivoiriens à se réconcilier parce qu’il va permettre aux partisans de Laurent Gbagbo de pouvoir faire la paix avec eux-mêmes, de comprendre que réellement, on les a fait descendre très bas. En faisant la paix avec eux-mêmes, en reconnaissant qu’on les a poussés à faire des choses qu’ils n’auraient pas dû faire, ils pourront en fin de compte faire la paix avec ceux qui sont en face d’eux. S’ils ne peuvent pas faire la paix avec eux-mêmes, ils ne pourront pas faire la paix avec les autres.
Voyez-vous, les partisans de Laurent Gbagbo sont dans le déni le plus total. Et, ce documentaire apporte des preuves. La plupart des partisans de l’ex-chef de l’Etat, lorsqu’ils disent des choses, ils le disent de bonne foi. Ce film va donc les aider à changer cette vision qu’ils ont de leur propre vécu qui est très récent et de pouvoir, à partir de cet instant, faire la paix avec eux-mêmes, et faire la paix avec autrui. Dans cette perspective, je crois que le film va aider les Ivoiriens à mieux se réconcilier.
Ils disent pourtant que sans Laurent Gbagbo, il n’y aura pas de paix en Côte d’Ivoire. Le pays, au contraire de ce que vous soutenez, ne risque-t-il pas d’avoir beaucoup de peine à tourner la page des années de crise ?
Je comprends que les Ivoiriens soient très pressés. Il ne faut pas se faire d’illusions. Ce n’est pas demain que la Côte d’Ivoire va se réconcilier. En Afrique du Sud, malgré tout l’idéalisme qu’on brode autour de l’image de Nelson Mandela, la réconciliation n’est pas encore là. J’ai travaillé pendant cinq ans en Afrique du Sud et le témoignage que je peux apporter, c’est que les Sud-africains ne sont pas encore réconciliés. Il est illusoire de penser qu’ils se sont réconciliés, malgré la Commission vérité et réconciliation qu’il y a eu en Afrique du Sud.
Les Blancs vivent toujours entre eux, ils continuent de se marier entre eux. Les Noirs également continuent de rester de leur côté. Il y a encore dans ce pays, de très rares cas où on peut voir un Blanc et un Noir être de véritables amis, en dehors des cohabitations dans le cadre professionnel. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, je pense plutôt qu’il faut garder espoir que les Ivoiriens finiront par se réconcilier. Ce qui est certain, c’est que les Ivoiriens n’ont pas d’autres choix que d’amorcer cette réconciliation. Et à mon avis, mon film va modestement aider les Ivoiriens à s’engager sur cette voie de la réconciliation.
Le film sort à un moment crucial des procédures engagées contre Laurent Gbagbo à la Cpi. Du coup ses partisans pensent que vous êtes en train de donner un coup de main au régime Ouattara. Vrai ou faux ?
Franchement, je crois que c’est un faux débat, c’est un faux procès que l’on veut me faire. Vous constaterez que, ça aussi c’est important de le souligner, réellement on n’attaque pas le film sur le fond. On n’attaque pas le film en lui-même en réalité. Tous ceux qui ont vu le film ne l’attaquent pas parce que ce film est inattaquable ; il est basé sur de faits concrets qu’on voit tous à l’écran.
Donc plutôt que d’attaquer le film qui est inattaquable, on préfère aujourd’hui attaquer le réalisateur. Tantôt on va dire qu’il a touché de l’argent pour faire ce film, tantôt on va dire qu’il a choisi un moment inopportun pour faire sortir son film et pour venir au secours, en quelque sorte, de la Cour pénale internationale (Cpi, Ndlr). C’est un faux débat. Je n’aurais pas pu sortir mon film, il y a un an, tout simplement parce qu’il n’était pas encore terminé.
Je le sors maintenant parce qu’il est terminé maintenant. La réponse est aussi simple que cela. Pourquoi voulez-vous que je garde dans les tiroirs un film que j’ai terminé, attendant que Laurent Gbagbo soit jugé, alors que personne ne sait quand il sera jugé. Je n’ai pas d’argent à investir puis à bloquer dans un produit que je ne peux pas vendre tout de suite.
Quelle est l’issue que vous voyez au procès de Laurent Gbagbo à la Cpi ?
Sincèrement, j’éviterais de me prononcer sur une question que je ne cerne pas totalement. Je suis quelqu’un qui aime parler de choses sur lesquelles j’ai enquêté. Je ne veux pas me lancer dans des jérémiades, je ne veux pas non plus faire du charlatanisme, vouloir prédire l’avenir. Mais ce que je peux dire, personnellement en tant que défenseur des droits de l’Homme, j’estime qu’il s’est passé des choses inacceptables en Côte d’Ivoire durant les dix années de règne du président Laurent Gbagbo.
J’estime qu’en ce moment, il y avait un chef de l’Etat qui donnait des ordres ; on le voit dans mon documentaire donner des ordres extrêmement précis. On voit ce chef d’Etat dans mon documentaire lui-même dire à ses hommes de ne pas y aller d’une main morte et dire en plus qu’il est prêt à assumer tous les excès de ses hommes, on le voit lui-même dans mon documentaire dire qu’il fournira tous les moyens qu’il faut à ses hommes pour réprimer.
On est d’accord avec vous quand vous dites que vous ne voulez pas faire du charlatanisme. Mais dans le même temps, la Cpi dit à Bensouda qu’elle n’a pas assez de preuves. Ça vous choque-t-il en tant que défenseur des droits de l’Homme ?
Je ne veux pas dire que cela ne me choque pas. Je ne porterai pas de jugement de valeur sur la Cpi. C’est une institution que je respecte, que je soutiens et que je soutiendrai toujours. Parce qu’en réalité, la Cpi a été créée pour nous les pauvres, pour nous les plus faibles. La Cpi a été créée pour défendre les faibles, c’est-à-dire les peuples qui ont souvent été maltraités, massacrés par leurs dirigeants.
Donc je ne vais jamais jeter la pierre à la Cpi. J’estime tout simplement que c’est la procédure ; il ne faut pas être trop pressé devant une institution comme celle-là. Le fait qu’elle demande qu’il y ait plus de preuves est une bonne chose. Je pense que c’est bon pour Laurent Gbagbo d’être jugé par un tribunal comme celui-là qui est un tribunal impartial.
Vous avez appelé dans votre film les Ivoiriens à faire attention aux discours de leurs leaders. Est-ce à dire qu’ils doivent aussi faire attention au discours du président Ouattara ?
Oui, oui, tout à fait. Toutes les populations doivent être parfaitement lucides vis-à-vis de tous les dirigeants, quels qu’ils soient. Je ne veux pas singulariser un dirigeant par rapport à un autre parce que si les Ivoiriens avaient été vigilants sur le discours de Laurent Gbagbo, on ne serait pas arrivé aux situations qu’on a connues en Côte d’Ivoire, où les gens ont été endoctrinés, où les gens ont été déshumanisés. Quand vous voyez ce que les partisans de Laurent Gbagbo ont été capables de faire, vous comprenez qu’ils n’étaient plus des humains.
On les a déshumanisés.
Ceci dit, il faut plutôt garder l’espoir pour que les Ivoiriens finissent par se réconcilier. Ce qui est certain, il faut que les Ivoiriens amorcent cette réconciliation. Et, modestement, mon film à mon avis, peut aider à amorcer ce processus de réconciliation.
Dans deux ans, il y a encore la présidentielle. Dans cette atmosphère, ne faut-il pas craindre que le pays replonge à nouveau dans le chaos ?
Personnellement, j’ai vécu dans beaucoup de pays qui sortent de crise. J’ai travaillé au Congo-Brazzaville, j’ai fait des reportages régulièrement en République du Congo. Je peux vous dire que la situation de la Côte d’Ivoire, comparée au Congo juste après la crise, est 10 fois meilleure.
L’instabilité qu’il y avait au Congo-Brazzaville trois ans après la fin de la guerre civile, il faut savoir qu’alors qu’on parlait déjà de stabilité dans ce pays, pendant trois années, le chef rebelle, le pasteur NToumi, était encore dans la forêt, avec des gens armés. Et dans ces conditions, on parlait d’élections législatives dans la capitale. Vous convenez avec moi que la situation de la Côte d’Ivoire est totalement différente. On connaît des tensions politiques en Côte d’Ivoire, mais on n’est plus dans une situation de crise politique à mon avis. La crise politique en Côte d’Ivoire est terminée. Tout ce qui reste, ce sont des résidus de tensions politiques.
Quel est votre regard sur les deux ans et demi de gestion d’Alassane Ouattara ?
Je ne pourrais pas juger le régime Ouattara en tant que tel parce que je n’ai pas fait un travail profond sur ce régime. Mais ce que je peux vous dire de façon très claire, c’est que la Côte d’Ivoire a définitivement changé. Il fait désormais bon vivre en Côte d’Ivoire. J’ai vécu en Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo, en tant qu’étranger. Croyez-moi, c’était très pesant, très lourd. On se sentait détesté. Aujourd’hui, on se sent le bienvenu en Côte d’Ivoire.
On est heureux de pouvoir vivre en Côte d’Ivoire. J’aurais pu choisir un autre pays pour m’installer quand j’ai quitté l’Union européenne, mais j’ai choisi la Côte d’Ivoire parce que ce pays est redevenu un pays accueillant pour les étrangers. Je me sens plus à l’aise en Côte d’Ivoire que dans mon propre pays, le Cameroun. C’est magnifique. Sous Laurent Gbagbo, je ne serais jamais venu vivre ici, sauf si j’y étais contraint professionnellement comme cela a été le cas. C’est vous dire que ce régime-là ne ressemble pas à l’ancien régime.
Je suis désolé. Ce n’est pas un régime xénophobe, fasciste. L’ancien régime était xénophobe, fasciste et anti-africain. Ce régime ne l’est pas. Quand vous mettez en marche la télévision ivoirienne, aujourd’hui, ne voyez-vous pas la différence ? Sous Laurent Gbagbo, la Rti (Radiodiffusion télévision ivoirienne, Ndlr) était une foire à l’invective et à l’insulte. Aujourd’hui, la Rti est sérieuse, modérée dans son jugement.
Certes, beaucoup de choses doivent être améliorées en Côte d’Ivoire, mais à mon avis, la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie, même si je ne suis pas capable d’apporter des jugements de valeur sur le régime Ouattara. Attendons que je finisse par faire un film sur le régime en place, et en ce moment-là je pourrai mieux porter un jugement.
Quel est votre regard sur le chaos qui règne en ce moment en Centrafrique ?
Je dois reprendre l’expression que certaines personnes utilisaient dans un mauvais sens en disant Dieu aime la Côte d’Ivoire. Je reprends cela à mon compte. Dieu aime réellement la Côte d’Ivoire. Si Dieu n’avait pas aimé la Côte d’Ivoire, ce que vit actuellement la Centrafrique avec une guerre religieuse, la Côte d’Ivoire aurait connu pire que cela. Cette guerre, ici, aurait fait, croyez-moi, des millions de morts. Si ce pays a évité la guerre religieuse, c’est parce que la communauté musulmane a été extraordinairement intelligente, modérée. Elle est à féliciter. Si les musulmans avaient répondu aux attaques des lieux de culte, la Côte d’Ivoire aurait plongé dans un chaos total.
Comment entrevoyez-vous les relations entre la France et l’Afrique dans 5 ou 10 ans ?
Je souhaite que tous les Africains acceptent de sortir de ce schéma anticolonialiste dogmatique qui nous empêche de réfléchir. Les puissances impérialistes ne sont pas mauvaises tous les jours. La France et les puissances impérialistes ne sont pas bonnes tous les jours. Il faut les juger au cas par cas, sur chaque fait. Les relations avec la France doivent être des relations de vigilance permanente. Il y a un propos qui, lorsque je l’écoute, me fait sourire. On me dit que la France est là pour ses intérêts. Bravo si tel est le cas.
N’est-ce pas vrai que nous reprochons à nos dirigeants tous les jours de ne pas défendre nos intérêts ? Allons-nous reprocher à la France de défendre ses intérêts ? C’est à nous de rester vigilants et défendre nos intérêts. Je souhaite que l’Afrique soit responsable de ses problèmes. Nous ne sommes pas capables de résoudre nos problèmes. Le cas Hissène Habré.
Je constate deux choses : les pro-Gbagbo qui réagissent sur mon film n’arrivent pas à l’attaquer. Et cela est dommage. Apparemment, ce film est inattaquable. Pour faire diversion, on attaque l’auteur du film. Lorsque nous sommes dans un environnement de débat, il est important d’être dans la profondeur que d’être dans la légèreté. Laisser le sujet qui est le film pour attaquer le réalisateur, c’est déplacer le débat.
Réalisée par Marc Dossa & ED (stagiaire)
Saïd Penda, réalisateur camerounais : «Moi, en gombo à Abidjan ?» - Photo à titre d'illustration