Condamné en première instance puis en appel en septembre 2012 après une arrestation presqu’inattendue le 28 août 2012 à Adzopé, la fin de la réclusion prend fin pour le bouillant secrétaire général du Fpi le 28 août 2013. Son parti lui réserve un accueil triomphal ce jour-là puisqu’il reprend son fauteuil de secrétaire général du parti, perdu depuis un an. Un retour qu’il a préparé entre les quatre murs d’une résidence familiale des Deux-Plateaux à Abidjan. C’est là que le 28 février 2013, sous escorte policière, il est descendu pour purger le reste de sa peine : un an de privation de droits civiques doublé d’une interdiction de paraître sur le territoire national autre que son village.
Cependant Laurent Akoun n’a pas été à Memni. C’est dans une cour familiale à Abidjan qu’il achève le mercredi 28 août 2013 sa peine. Six mois qu’il a passés là sans sortir, ni prendre de risque de pointer le nez dehors. ‘’Je n’aime pas cette décision mais je la respecte parce que c’est une décision de justice’’, confie-t-il au reporter de l’IA passé le saluer un samedi après-midi. Ni interview, ni déclaration telles qu’il les affectionnait n’ont été émises de sa part tout ce temps. Il n’a pas cédé à la tentation malgré la cour assidue que lui faisait aussi bien la presse nationale que la presse internationale.
Prendre du recul pour comprendre
Coupé du monde sans l’être vraiment, le secrétaire général du Fpi, l’ancien député ne se sépare pas de son ordinateur, son fidèle compagnon de tous les jours. ‘’J’ai une partie du monde ici’’, dit-il pour parler de son ordinateur sur lequel il consulte dépêches, dialogue, joue et se divertit. Il ne chôme pas. ‘’Je suis là, je réfléchis, j’essaie de prendre du recul pour comprendre certaines choses’’, fait-il savoir. Une période de profonde méditation qui va révéler à coup sûr un nouveau Akoun pour son entrée en scène. Il partage son quotidien avec camarades du parti, amis, parents, frères et fils. A notre passage, le compagnon de lutte de Laurent Gbagbo était avec son frère Georges.
De temps à autres quelques coups de fil viennent interrompre les causeries. Ce ne sont pas les soutiens qui manquent, histoire de lui remonter le moral. Par ces temps, on revient forcément à ses premières amours, au plan alimentaire ou encore au plan professionnel. Akoun affectionne les Wonmi, sorte de galettes à base de farine de mil. Il en raffole. Ce samedi soir-là une amie lui en avait apporté. De quoi se distraire entre quelques taffes de cigarettes et quelques gorgées de boissons de premier choix, fournies par des visiteurs. Pour autant, Laurent Akoun ne s’empêche pas de parler et de vivre son art favori : tout sujet est donc occasion de débat. Avec Georges et Jean Olivier le fils qui était arrivé entre temps, la discussion est enclenchée. Sujet : l’incapacité des banques à payer les fonctionnaires et agents de l’état dont les comptes sont domiciliés chez elles.
Georges Akoun le frère y perdra son latin face à la perspicacité de Laurent soutenu par Jean Olivier. L’autre sujet a porté sur la nomination des ambassadeurs. Faisant le distinguo entre les ambassadeurs de carrière et ceux qui n’ont pas fait de formation dans ce domaine, il relève que la nomination est du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat. Occasion de dédouaner les présidents Ouattara et Gbagbo à qui l’on reproche de nommer des proches à ces postes.
Fin de punition pour le professeur a la retraite
Il reprend ses droits ce mercredi. Pour ses camarades du parti, on ne peut pas dire que son absence n’a pas été un manque. ‘’Son isolement a été un manque pour le Fpi pour qui connait la force de caractère de cet homme et sa grande capacité à conduire un groupe. Akoun est un homme constant, fidèle en ses convictions et qui connait le sens de l'histoire et sait l'interpréter pour le bien de sa communauté d'intérêts et pour tout le peuple. Cet homme-là a vraiment manqué au Fpi. Mais comme dans ce parti, les acteurs politiques au premier degré et même les militants de base, n'ont pas pris l'habitude de pleurnicher sur leur sort dans les contingences du moment, on sait toujours rebondir pour combler notre manque. Et tout le monde a vu comment le Fpi est resté debout en l'absence d'Akoun’’, analyse l’ancien ministre Lazare Koffi Koffi en exil au Ghana.
‘’Reculer serait céder à l'intimidation, or il ne le faut pas’’
Puis un autre camarade, Arsène Dogba d’ajouter : ‘’Je ne serai certainement pas le seul à l'affirmer. L'absence du Secrétaire Général a été bien remarquée par ceux qui suivent la politique ivoirienne au-delà des militants du FPI. Cela ne veut pas dire que cette absence a créé un vide dans le fonctionnement de l'appareil du FPI. On le sait, le FPI est comme tout grand parti où la succession est assurée sans difficulté’’. Arsène Dogba termine par un conseil à son ami. ‘’Au moment où il s'apprête à revenir sur la scène, il doit rester égal à lui-même, toujours le verbe haut, la même posture, parce que le combat continue. Reculer serait céder à l'intimidation, or il ne le faut pas. Au nom de la lutte, de l'avenir de la nation ivoirienne’’, conseille-t-il.
S.Debailly
Secrétariat général du FPI / Isolé par une décision judiciaire depuis un an Comment Akoun prépare son retour fracassant et très attendu sur la scène politique - Photo à titre d'illustration