Le Centre Régional d’Excellence WAVE (WAVE RCe) est une plateforme scientifique et technique au service de la sécurité alimentaire en Afrique. Les résultats issus de ses recherches sur le manioc participent également à la réduction de la pauvreté sur le continent.
Jacqueville a son Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT). Et Bingerville, son Centre Régional d’Excellence WAVE (WAVE RCe) pour les phytopathogènes transfrontaliers. Ces deux structures stratégiques sont au front pour anticiper et déjouer les attaques. La première, pour assurer la sécurité des personnes et des biens et la seconde, pour garantir la sécurité alimentaire.
Ces dernières années, les agriculteurs africains ont été confrontés aux maladies de plantes (Cacaoyer, bananier, manioc...) provoquées par des phytopathogènes. Ils ont également subi des dégâts causés par des ravageurs tels que la chenille légionnaire d’automne, les criquets pèlerins et autres agresseurs biotiques. D’où la nécessité de bâtir des systèmes nationaux et régionaux de biosécurité adossés à la surveillance, l’alerte précoce et la riposte.
Le Centre Régional d’Excellence WAVE développe des méthodes de contrôle et de gestion efficaces des maladies des plantes. Tout est fait pour prévenir l’incursion de maladies de plantes dans de nouvelles zones. L’objectif étant d’augmenter, de manière durable, la production alimentaire en Afrique du Centre et de l’Ouest.
Au pôle scientifique de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) à Bingerville où est logé le Centre, une élite de scientifiques monte la garde. Grâce au soutien institutionnel de l’UFHB, WAVE a construit et équipé le siège du Centre Régional d’Excellence, ainsi que trois nouveaux laboratoires pour un montant global de 500 millions de FCFA.
Dans les laboratoires ultra-équipés, le directeur exécutif du centre, Pr Justin Pita est à la tête d’une unité spéciale composée, notamment, de virologues et d’entomologistes.
Dans les différents laboratoires du réseau WAVE, 69 étudiants (32 femmes et 37 hommes) en licence, master et doctorat sont actuellement en formation.
Une surveillance particulière a été mise en place pour la maladie de la mosaïque africaine du manioc et la maladie de striure brune du manioc. « Ces deux maladies réunies mettent en péril le rendement de nos exploitants. Elles provoquent une perte de rendement allant de 40 % à 70% en Afrique. Soit une perte économique de 2 à 3 milliards de dollars (soit plus de 1000 ou 1500 milliards de FCFA) en Afrique subsaharienne », explique le Pr Justin Pita.
La striure brune du manioc a été découverte en Tanzanie dans les années 1930. Elle menace aujourd’hui l’Afrique de l’Ouest.
Selon le Pr Justin Pita, si rien n'est fait pour lutter efficacement contre cette pathologie surnommée l’Ebola du manioc, dans quelques années, nos pays connaîtront une grave pénurie de manioc.
En Côte d’Ivoire, une grave pénurie de manioc se traduirait par de longs mois sans attiéké ou placali. Deux mets qui font partie des produits d’appel de la gastronomie ivoirienne.
Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le manioc s'est imposé comme une culture stratégique pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté sur le continent. Ici, la filière manioc emploie de nombreuses femmes. On les retrouve dans les plantations, la transformation et la commercialisation des produits dérivés. La filière occupe une place importante dans l’autonomisation des femmes.
Le manioc constitue un aliment de base pour près de 800 millions de personnes à travers le monde, dont près de 500 millions d’Africains. Il a été baptisé « culture du 21e siècle » par l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). L’Afrique en est le premier producteur mondial avec 57% avec malheureusement, le rendement moyen le plus faible, 10 tonnes / hectare en 2016 contre 21 tonnes/ hectare pour l’Asie. Ce faible rendement s’explique par de nombreuses contraintes dont les maladies virales.
Les chercheurs travaillent avec des sélectionneurs qui produisent des variétés résistantes qui sont testées.
Les experts travaillent également avec les agents de l’Agence nationale d'appui au développement rural (Anader). Dans le cadre d’un projet mis en œuvre récemment, 42 agents ont été formés pour aider les équipes à sensibiliser et former les producteurs.
Durant les seize derniers mois et en dépit des restrictions liées à la pandémie de la Covid-19, dans quatre zones, notamment Dabou, Jacqueville, Yamoussoukro et Bouaké, 1130 producteurs/productrices, multiplicateurs de boutures de manioc et agents de vulgarisation ont été formés aÌ la reconnaissance des maladies du manioc et aux méthodes de lutte contre ces maladies.
Lancé en 2015 grâce à un financement de la Fondation Bill & Melinda Gates (BMGF) et du Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO), le programme central and west african Virus Epidemiology (WAVE) a été érigé, en 2021, en Centre Régional d’Excellence par la CEDEAO, afin de donner aux agriculteurs les moyens de protéger leurs cultures.
Avec son siège en Côte d’Ivoire, WAVE s’appuie sur un réseau regroupant les universités, les institutions nationales de recherches scientifiques et biotechnologiques de 10 pays d’Afrique du Centre et de l’Ouest. Notamment Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Nigeria, République Démocratique du Congo, Sierra Leone et Togo.
Image utilisée à titre d'illustration