Le chef de l’État, Alassane Ouattara, a pris, dans le cadre de l’organisation des élections sénatoriales, prévues pour le 24 mars 2018, une ordonnance qui défraie la chronique dans l'espace politique ivoirien.
Juristes de haut vol dont Romain-Francis Wodié, ancien président du Conseil Constitutionnel ; Faustin Kouamé, avocat, ancien ministre, Garde des sceaux, ministre de la justice, et l'opposition politique, dont le Front populaire ivoirien (Fpi), font des gorges chaudes, pour dénoncer une atteinte à la Constitution de la 3ème République de Côte d’Ivoire. Ce dont se défend le pouvoir. A l'issue du Conseil des ministres qui s'est tenu, hier mercredi 28 février 2018, au Palais présidentiel au Plateau, Bruno Nabagné Koné, ministre de la Communication, de la poste et de l’économie numérique, porte-parole du gouvernement, a balayé du revers de la main, les thèses d'une supposée violation de la Constitution, évoquée pour dénoncer l'organisation des élections sénatoriales pour cette année 2018. «Il n'y a absolument pas de violation de la Constitution (…). Il y a eu une nouvelle Constitution qui prévoit la mise en place d'un Sénat. Toute la population s'est exprimée en faveur de cette Constitution. Le Sénat doit s'installer dans un délai précis, après la première session de l'Assemblée nationale début avril», a déclaré Bruno Koné, laissant en rade tout le monde.
Selon lui, le corpus électoral actuellement en place dans les collectivités locales, notamment les Conseillers régionaux et municipaux, « est parfaitement légitime pour élire les nouveaux sénateurs ». «Nous comprenons difficilement le supposé débat qui a cours autour de la mise en place du Sénat», a-t-il martelé.
Ces parties estiment que l’ordonnance du chef de l’État, Alassane Ouattara, est une « violation de la Constitution ». Mais, les députés, principaux concernés, et qui, par leur vote massif, ont doté la Côte d'Ivoire d'une Constitution de la 3e République, dont l'éclairage est très attendu des Ivoiriens, se sont murés dans un silence assourdissant et explicable.
Pourquoi se sont-ils coupés la langue dans ce dossier où leur responsabilité, en tant que législateur, est établie ?
Silence pour sauvegarder …Une attitude qui soulève l'ire d’Ivoiriens. Car, en effet, beaucoup voient, dans leur silence, une fuite en avant de leurs responsabilités parlementaires. Qu'est ce qui peut justifier, de leur part, une telle posture ? Ce silence de mort est d'autant plus troublant, qu'il est présent à tous les niveaux des groupes parlementaires, Pdci, Rdr, Udpci, Agir pour le peuple, Vox-populi … L'omerta que les députés se sont imposée est si troublant, qu’il semble être synonyme de solidarité avec l'exécutif, ourdi ou accord tacite, pour dissimuler une faute politique, par crainte de rétorsion qui pourrait déboucher sur des pertes de privilèges… Ce silence pourrait donc viser à sauvegarder des intérêts de quelque nature que ce soit. Sinon, des Ivoiriens s'expliquent difficilement le comportement de leurs députés. La question qui se pose et qui est au centre de la polémique, est de savoir si oui ou non, Alassane Ouattara a pris son ordonnance en violation de la Constitution...
Sénatoriales du 24 mars 2018/ Polémique sur l’ordonnance de Ouattara : Voici pourquoi les députés se taisent