La justice sénégalaise a décidé de relaxer l'activiste franco-béninois Kémi Séba, mardi 29 août. Accusé de destruction volontaire et publique d'un billet de banque, il était en détention depuis le vendredi 25 août, pour avoir brûlé 5000 francs CFA lors d'un rassemblement le 19 août contre «la Françafrique». Son geste avait fait le tour des réseaux sociaux et exacerbé le débat sur le franc CFA.
C'est dans la salle numéro un du tribunal de Dakar que le procès s'est déroulé mardi après-midi. D'un côté Kémi Séba et ses deux avocats, de l'autre, les avocats de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). C'est elle qui avait porté plainte contre le Franco-Béninois et s'était portée partie civile dans cette affaire.
Kémi Séba a tout de suite reconnu les faits, mais s'est défendu d’avoir brûlé ce billet dans l'optique d'enfreindre la loi sénégalaise. Il s'agissait plutôt, a-t-il expliqué à plusieurs reprises, d'un acte symbolique pour « alerter l'opinion ». Ses proches avaient d'ailleurs déclaré après son arrestation que ce procès allait être celui du franc CFA.
C'est effectivement de cette monnaie dont il a été question. Une monnaie qui, selon Kémi Séba, « n'appartient pas aux Africains ».
Le parquet avait requis trois mois de prison avec sursis. Pour l'accusation, le geste n'était pas symbolique, mais une véritable « atteinte » à l'honneur d'une institution qui représente huit Etats de l'Afrique de l'Ouest. L'accusation, qui avait demandé une condamnation à un versement d’un franc CFA symbolique en guise de dommage et intérêts, n'a donc pas été suivie par le tribunal.
Son geste a ravivé le débat sur le maintien du franc CFA, mais sa proximité avec l'extrême droite française et ses idées suprémacistes font de lui un très mauvais avocat, regrette Hamidou Anne, du cercle de réflexion L'Afrique des idées.
Kémi Séba, le 19 février 2008, au tribunal correctionnel de Paris où il était jugé pour avoir maintenu durant plusieurs mois l'existence du collectif Tribu Ka, un groupuscule noir ultra-radical et antisémite pourtant dissout en juillet 2006. © AFP PHOTO FRANCK FIFE FRANCK FIFE / AFP