Des associations parties civiles au procès ne cachent pas leur désarroi au lendemain de l'acquittement de Simone Gbagbo, qui était poursuivie pour crime contre l'Humanité et crime de guerre. Face à une justice ivoirienne jugée partiale, certaines organisations en appellent à la Cour pénale Internationale (CPI).
Au lendemain de l’acquittement de Simone Gbagbo, les réactions arrivent au compte-gouttes. Contacté par Jeune Afrique, le président de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (Lidho), Pierre Adjoumani-Kouna, confie ne pas être surpris par la décision de la Cour d’assises d’Abidjan. Lors du procès, son association s’est constituée partie civile. « Nos avocats n’ont pas eu accès tous les documents et nous craignions que la décision nous soit défavorable. Ce procès nous laisse un goût amer vis-à vis des victimes et il est le reflet d’une justice ivoirienne totalement aux abois », s’insurge t-il.
Elle aussi partie civile lors du procès, la Fédération internationales des ligues des droits de l’Homme (FIDH) s’est fendue d’un communiqué du même acabit. « Comme nous le craignions et l’avions annoncé, ce procès a été un véritable fiasco tant sur la forme, avec de nombreuses irrégularités, que sur le fond, avec un dossier et des débats qui n’ont malheureusement pas permis d’établir la responsabilité individuelle de l’ancienne première dame dans les crimes commis pendant la crise post-électorale. Cet échec doit constituer un électrochoc et conduire la justice ivoirienne à organiser enfin les procès cohérents et solides attendus par les milliers de victimes de la crise post électorale et par la société ivoirienne dans son ensemble », écrit le président de la FIDH, Dimitris Christopoulos.
La veille, au terme du procès, le président de l’un des collectifs de victimes de la crise post-électorale, Issiaka Diaby, avait laissé éclater son désarroi. « Les victimes sont attristées, notre confiance envers la justice ivoirienne est entamée », a t-il réagi auprès de Jeune Afrique.
Côté Gabgbo en revanche, on ne cache pas sa satisfaction. L’un des avocats de Simone Gbagbo, Ange Rodrigue Dadjé, a salué mercredi 29 mars « le courage des magistrats de la Cour d’assises et des jurés, qui ont prononcé une décision historique dans un environnement où le politique fait souvent pression sur le judiciaire ». Tout en taclant à son tour la justice ivoirienne dans ce dossier. « Ce procès a été bâclé depuis l’instruction, car la justice n’a jamais voulu entendre les vrais acteurs, notamment certains responsables politiques actuellement aux affaires aujourd’hui »
Le Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par l’ex-président Laurent Gbagbo, s’est lui aussi félicité de cette décision, l’interprétant comme « une volonté d’aller à la réconciliation ». »Nous souhaitons et attendons que les autres prisonniers politiques – 150 au total – soient remis en liberté », a déclaré à l’AFP son chef Pascal Affi N’Guessan, dirigeant du FPI...La suite sur Jeune Afrique
Simone Gbagbo acquittée : « Ce procès nous laisse un goût amer vis-à vis des victimes »