«Côte d’Ivoire : La lutte contre l’impunité à la croisée des chemins». C’est l’intitulé du dernier rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) qui campe la situation de la Côte d’Ivoire, près de trois ans après la crise postélectorale.
Au cours d’une conférence de presse, le mardi 22 octobre 2013 au Plateau, Me Patrick Baudoin, président d’honneur et responsable du Groupe d’action judiciaire de la FIDH, Me Yacouba Doumbia, représentant le MIDH et Pierre Adjoumani Kouamé, président par intérim de la LIDHO, ont fait le point de la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire après la crise postélectorale dont le bilan officiel fait état de 3000 morts. Ce rapport a été rédigé autour de trois points essentiels : les avancées du processus judiciaire, la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation et le processus de réconciliation nationale.
«Les avancées réalisées par la justice ivoirienne sont aujourd’hui insuffisantes pour entrevoir dans un avenir proche, un grand procès de la crise postélectorale dans des conditions acceptables. C’est un travail insuffisant et orienté uniquement vers les pro-Gbagbo, mais il y a beaucoup de travail à faire vers le camp Ouattara», a indiqué Me Baudoin, avocat à Paris qui ajoute que les « enquêtes et les procédures judicaires doivent être considérablement rééquilibrées pour garantir à toutes les victimes le droit à la vérité, à la justice et à la réparation».
En 48 heures, la FIDH, le MIDH et la LIDHO ont rencontré les autorités ivoiriennes, entre autres, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, Gnénéma Coulibaly, les associations des victimes et la représentante spéciale de Ban Ki-Moon en Côte d’Ivoire, Aïchatou Mindaoudou Souleymane. «Le ministre de la Justice nous a annoncé son intention de ne pas renouveler le mandat de la Cellule spéciale d’enquête qui expire en décembre, mais les arguments qu’il a avancés ne nous ont pas convaincus», a indiqué Me Baudoin, Me Yacouba Doumbia du MIDH partage avec Me Baudouin le même point de vue.
«Les autorités ivoiriennes ont aujourd’hui une occasion unique de faire la lumière sur les crimes du passé et de répondre aux attentes de réparations des tords causés aux victimes, c’est la seule condition de l’instauration d’un véritable Etat de droit et l’instauration d’un véritable climat de politique apaisé, a dit Me Doumbia. Concernant la CDVR, le rapport de la FIDH note qu’il faut renouveler le mandat de la Cellule spéciale d’enquête et de la CDVR tout court. « Il faut les mettre à la disposition de la Cellule spéciale d’enquête des moyens pour mener à bien les enquêtes.
Garantir que des poursuites puissent être diligentées contre tous les responsables des crimes les plus graves, quel que soit le camp auquel ils appartiennent. Les responsables de l’attaque de Nahibly (Duékoué-Carrefour) et du charnier de Toguéï (un quartier de Duékoué) doivent être poursuivis et sanctionnés », recommande le rapport de la FIDH.
Olivier Dion
Situation des Droits de l’Homme / La FIDH catégorique dans son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire :‘‘Les procédures judicaires doivent être rééquilibrées’’ - Photo à titre d'illustration