Le constat est net. Les divergences entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié donnent lieu à une recomposition du paysage politique en Côte d’Ivoire. Avant même que la rupture ne soit consommée entre les deux hommes, les lignes avaient commencé à bouger de part et d’autre. Aujourd’hui, lorsqu’on fait le point, on se rend compte qu’il y a plus ou moins deux blocs. L’un conduit par le président d’honneur du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Ouattara, et l’autre amené par le leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié.
Ce qui est on ne peut plus remarquable, c’est le fait que chaque bloc de presque tous les partis politiques, qui sont traversés par des divisions, ont choisi entre ces deux ex-alliés. Certains ont opté pour Alassane Ouattara et d’autres pour Bédié.
Ainsi, au Parti ivoirien des travailleurs (Pit), Joseph Séka Séka a adhéré au parti unifié-Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) dont le président est le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Son rival politique, Aka Ahizi Daniel, qui revendique toujours la présidence du parti fondé par Francis Vangah Romain Wodié, est allé « se jeter dans les bras » du Sphinx de Daoukro. En tout cas, il a fait, plus d’une fois, le déplacement du domicile de Bédié aussi bien à Abidjan qu’à Daoukro. Tout comme lui, le fondateur du Pit a été reçu, vendredi 3 août 2018, à Cocody, par le leader du parti septuagénaire. Cette rencontre avait été précédée de celle du lundi 26 février 2018. A l’issue des échanges, M. Wodié, qui a été ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique de Bédié, se disant préoccupé par la situation socio-politique, a demandé à l’ex-chef de l’Etat ivoirien « de peser de tout son poids sur l’évolution de la situation pour que nous allions vers des solutions consensuelles, pour que les Ivoiriens puissent se parler ».
Au Mouvement des forces d’avenir (Mfa), la situation est similaire à celle du Pit. Siaka Ouattara s’est engagé dans le Rhdp-unifié avec un bout du parti. Quant à Azoumana Moutayé, qui lui dénie la qualité de président, il s’est rapproché du successeur de Félix Houphouët-Boigny à la tête de l’Etat et du Pdci. Il a rejoint dans ce camp son autre ex-rival, qui n’est autre qu’Innocent Anaky Kobena. Fondateur du Mfa, il est fréquent chez Bédié. Sa dernière visite rendue au président du Pdci date du mercredi 25 juillet 2018 à Daoukro. Anaky Kobena a plaidé, à cette occasion, pour un « regroupement…pour une victoire cinglante et décisive, par la voie démocratique des urnes, à la présidentielle de 2020 ».
L’Upci aussi. Le Pit et le Mfa ne sont pas les seuls partis divisés. L'Union pour la Côte d'Ivoire (Upci) vit une situation. Un groupe de personnes a mis à la tête de ce parti, samedi 7 juillet 2018, au Palais de la culture d’Abidjan, Dr Serge Anicet Yao Brou. Aussitôt, il a décidé d’adhérer au Rhdp-unifié, contrairement à la décision du congrès du samedi 28 avril 2018 de l’Upci de Me Soro Brahima, tenu au Palais de la culture à Treichville.
Comme Aka Ahizi Daniel et Azoumana Moutayé, qui ne sont pas reconnus par le Rhdp comme premier responsable de leur parti, Soro Brahima s’est dirigé vers Bédié. Et, à l’instar des fondateurs du Pit et du Mfa, Gnamien Konan a aussi rejoint le « Bouddha de Daoukro ». « J’ai un seul message pour lui. Houphouët ne lui a pas confié que le Pdci. Il lui a confié la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, plus qu’hier, le destin de ce pays se trouve entre ses mains pleines d’expérience. Sa place n’est plus dans un parti. Sa place n’est plus dans un regroupement de partis, même unifié. Il doit se mettre là-haut, au-dessus des clans, à équidistance de tout le monde, pour réconcilier les Ivoiriens. C’est ça l’héritage que Félix Houphouët-Boigny lui a confié », avait posté sur sa page facebook, le fondateur de l’Updci, Gnamien Konan, avant sa rencontre du samedi 28 juillet 2018 avec Bédié, à Daoukro...
Situation politique : Ouattara et Bédié se partagent des partis politiques