Situation socio-politique : Jean Louis Billon traduit ses appréhensions pour 2020, s’adresse aux transfuges du Pdci au Rhdp et appelle au retour de Gbagbo

  • 01/06/2019
  • Source : Linfodrome
Dans son entretien avec le journal burkinabé ‘’Le Pays’’ Jean Louis Billon n’a pas caché ses appréhensions avant les échéances présidentielles de 2020 à venir. Il parle aussi de ses rapports avec les cadres du Pdci-Rda qui ont viré au Rhdp unifié.

Jean Louis Billon a des appréhensions pour les échéances présidentielles à venir. Le Secrétaire exécutif du Pdci-Rda chargé de la Communication et de l’Information redoute que les élections à venir ne débouchent sur une autre crise à l’instar des différents scrutins que la Côte d’Ivoire a organisés. « En Côte d'Ivoire, nous n'avons jamais eu d'élections tranquilles. Nous sommes un des rares pays de la sous-région qui a toujours eu des transitions chaotiques. Nous voulons et espérons briser cette habitude et avoir des élections qui ne soient pas suspectes ». L’ex-ministre du Commerce a tenu ses propos dans l’entretien qu’il a accordé au confrère burkinabé ‘’Le Pays’’ paru cette semaine.

Pour Jean Louis Billon, afin de conjurer le mauvais sort sur la Côte d’Ivoire dans les mois à venir, il faut que les prochaines élections soient organisées dans des conditions transparentes et crédibles, dans l’équité pour tous ceux qui vont y prendre part. « Pour cela, il faut une Commission électorale indépendante (Cei), un Conseil constitutionnel, un découpage électoral véritablement crédible. Toute la crédibilité de l'élection dépendra de la crédibilité de ces institutions elles-mêmes », soutient l’ex-collaborateur d’Alassane Ouattara, qui pense que les Ivoiriens, dans leur ensemble, ont des appréhensions.

Ces Ivoiriens, souligne M. Billon, souhaitent, espèrent et veulent au plus profond d'eux-mêmes, vivre une véritable transition démocratique, un vrai passage de flambeau. « Un pays n'est véritablement grand que quand il peut garantir des institutions fortes et crédibles pour ses concitoyens (…). Je souhaite que mes appréhensions soient aplanies avant les élections », fait savoir le haut cadre du Pdci-Rda.

Pour un climat social apaisé avant les élections, Jean Louis Billon mentionne le retour au pays de l’ex-président, Laurent Gbagbo, dans ses priorités. Alors que le journaliste lui pose une question sur l’exil de Blaise Compaoré à Abidjan, il s’intéresse très rapidement à la situation de l’en-tenant de l’Exécutif ivoirien jugé et libéré par la Cour pénale internationale après avoir été acquitté des charges retenues contre lui. « Nous avons le président Laurent Gbagbo qui est hors de la Côte d'Ivoire. Nous souhaitons le voir rentrer, d'autant qu'il a été acquitté par la Justice internationale. Il serait bon et juste pour lui de rentrer. Le président Félix Houphouët-Boigny nous disait : « Ceux qui vont en exil, nous souhaitons qu'ils reviennent tous parce que ce sont des enfants du pays. Ils sont appréciés par les Ivoiriens, leurs familles et leur place est en famille et non pas en exil ». Cela est valable pour le président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et tous ceux qui sont réfugiés dans les pays voisins. » Et l’interviewé d’ajouter sans faux-fuyant : « Honnêtement, si on veut bâtir une Côte d'Ivoire forte, personne ne doit être laissé sur le bas-côté de la route. J'aimerais bien rendre visite au président Laurent Gbagbo dans son village natal à Mama ».

S’il est prêt à se montrer si magnanime à l’ex-président ivoirien qu’il avait combattu sur certains sujets, Jean Louis Billon n’en garde pas moins ses sympathies pour ses ex-camarades du Pdci-Rda, qui ont rejoint les rangs du Rhdp. Pour lui, il est bon d’observer le principe dans une démocratie, qui consacre la liberté d’expression et d’opinion. « Ils sont libres de le faire (Ndlr d’aller au Rhdp), et il n'y aucun problème. Pour eux, tout comme ceux qui ont créé le Rhdp et autres mouvements qui se désolidarisent du Pdci-Rda, la seule chose que nous leur demandons, c'est de ne pas être ingrats à l'égard de notre parti. Autrement, il n'y a aucune animosité, ni aucun mauvais ressenti. Ceux avec lesquels nous étions amis, nous le restons. Ce n'est que de la politique, un jeu de pouvoir ».

Le haut cadre du Pdci rappelle qu’en politique, chacun doit défendre ses idées, convaincre pour gérer un Etat pour le plus grand bien de l’ensemble, la grandeur du pays. Il invite ceux qui sont partis du Pdci, ainsi que les adversaires de son parti à penser de la même manière et non le contraire. « Sinon, cela maintient un climat malsain et fragilise la paix, la cohésion sociale tout en perpétuant les conflits ». Aussi, exhorte-t-il les uns et les autres à noter que dans un pays, l'alternance arrive toujours d’un moment ou d’un autre. Car, aucun parti dans le monde ne peut conserver ad vitam aeternam le pouvoir. « En étant correct les uns envers les autres, on préserve la cohésion sociale. J'ai des amis qui appartiennent à d'autres partis politiques et je ne leur demande pas de rejoindre mon parti. Qu'ils conservent leurs idées et me laissent défendre les miennes », signe Jean Louis Billon.

F.D.BONY