Dans une lettre ouverte au chef de l’État, Alassane Ouattara, en date du 2 novembre 2019 et dont nous avons reçu copie, M. Niamien Kouadio Sévérin, cadre de la région de Gbêkê interpelle directement le président de la République, Alassane Ouattara, sans le mettre en cause dans ce procès dont il dénonce des contours politiques.
Il pointe le « silence » du chef suprême de la magistrature, sur ce qu’il qualifie « de violation des droits de Mangoua » dans sa détention, «après un procès rocambolesque ». « L’objectif de ce transfèrement, selon le procureur Koné Braman, était de le rapprocher de sa famille, son épouse et, certainement, de son médecin traitant. Or, sa famille, au nom de laquelle ce transfèrement a été effectué, est aujourd’hui empêchée de rendre visite au « prisonnier », écrit M. Niamien. Et l’auteur de procéder par des questionnements au président de la République. « Excellence Monsieur le président de la République, êtes-vous informé de cette situation ?
Savez-vous que M. Jacques Mangoua, haut cadre du parti houphouetiste, et de surcroît président du Conseil régional de Gbêkê, est empêché de toute visite ? », interroge-t-il. Avant d’affirmer que lors du procès qui a vu la condamnation de Mangoua Jacques, « les Ivoiriens s’étonnent de l’attitude de ce procureur qui a osé royalement ignorer le procès-verbal (Pv) de la gendarmerie de Botro, qui aurait pu lui permettre de faire éclater la vérité ».
Dès lors, soutient-il, la « présomption d’innocence » s’est transformée en « présomption de culpabilité ». Tous ces faits, aux yeux de M. Niamien, sentent le roussis politique, ce d’autant plus qu’on a demandé à l’accusé d’apporter la preuve de son innocence. « Excellence Monsieur le Président de la République, il semble donc évident que l’arrestation de Monsieur Jacques Mangoua procède moins d’une quelconque découverte d’armes à son domicile qu’à une volonté manifeste de nuire à sa personne. Il s’agirait assurément d’un complot ourdi par des mains obscures contre le vice-président du Pdci, dont l’objectif est de mettre sous l’éteignoir un potentiel candidat à la présidentielle 2020. Également, cette mascarade viserait à affaiblir son parti et son Président, Henri Konan Bédié. Et pourtant, cette arrestation semble avoir produit l’effet contraire. A en juger par la détermination des populations de Bouaké, qui s’étaient révoltées au lendemain de ce procès rocambolesque. ».
Pour lui, ce procès aura, à n’en point douter, de graves conséquences sur le Rhdp en 2020. Car, soutient-il, « il est clair qu’en 2020, les différents directeurs de campagne du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix ( Rhdp) auront des difficultés à convaincre les populations de Bouaké, de rallier leur cause », prévient-il. Il donne un indicateur de qui attent, selon lui, le Rhdp en 2020. « Un avant-goût a été donné récemment dans l’ouest du pays, lors de la tournée de votre collaborateur Jeannot Kouadio Ahoussou. Les populations Baoulé de cette région lui ont réservé un accueil qu’il n’oubliera certainement pas de sitôt ».
En faisant un parallèle entre « l’affaire Akossi Benjo » et celle relative au président de la Jpdci urbaine, avec l’affaire Jacques Mangoua, M. Niamien pense que le chef de l’État, dont l’élection s’est faite dans des conditions difficiles, devrait ouvrir grand les yeux sur l’état des droits de l’homme dans son pays. « En tant que chef de la magistrature, il vous appartient, au regard de tout ce qui a été évoqué, de rappeler à l’ordre tous ceux qui ont osé dire le droit à l’envers dans cette affaire, et exiger la relaxe pure et simple de M. Jacques Mangoua, avant qu’il ne soit certainement trop tard », plaide t-il.
Armand B. DEPEYLA
Situation socio-politique/Rebondissement dans l’affaire Mangoua Jacques, Alassane Ouattara directement interpellé