Le financement des universités, le partenariat public privé, la recherche ont été les principaux thèmes abordés, mercredi à Dakar, au deuxième jour du Sommet sur l’enseignement supérieur qui a pour thème "Revitalisation de l’enseignement supérieur pour le développement de l’Afrique".
Selon l’ancien secrétaire général de l’Organisation des nations unies, Kofi Annan, "il est temps de redynamiser les universités en nouant des partenariats entre les gouvernements, les institutions universitaires et le secteur privé".
"Le partenariat est un soubassement de la revitalisation de l'enseignement supérieur parce qu’il permet de régler notamment l'inadéquation entre la formation et les besoins du marché", a soutenu le président d’Africa’s progress panel. Il a souligné que s'"il y a des jeunes diplômés chômeurs c’est parce qu’ils n’ont pas les compétences dont ont besoin les entreprises".
"Les choses ont changé et les universités doivent être le reflet de ce changement pour créer de l’emploi et accroître la productivité en Afrique", a expliqué M. Annan.
Il a également invité les universités à nouer des partenariats entre elles en faisant "des échanges d’enseignants et d’étudiants afin de rehausser la qualité de la formation des jeunes enseignants et d’aider les étudiants à étudier à l’extérieur".
Concernant la recherche dans les universités africaines, l’ancien secrétaire général de l’Association des universités africaines, Goolam Mohamedbhai, a soutenu que "les institutions universitaires ont besoin de financement pour faire de la recherche".
Il a rappelé que "les investissements dans la recherche, dans les universités africaines représentent en moyenne 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) alors que l’Union africaine avait demandé aux Etats de consacrer 1% de leur PIB à ce secteur".
Le directeur du Centre pour l’enseignement supérieur du Cap, en Afrique du Sud, Nico Cloete, a considéré, de son côté, que les universités de recherche "ne sont pas nombreuses en Afrique parce que pour le développement de la recherche, il faut passer à la phase doctorale alors que beaucoup d’étudiants n’atteignent pas ce niveau d’études".
Pour Kofi Annan, les universités privées aussi "ne mettent pas l’accent sur la recherche alors qu’il faut une complémentarité entre l’enseignement et la recherche". Il a appelé les gouvernements à "inciter les universités privées à insister sur la recherche parce qu’il y a des normes à respecter et ces dernières doivent se conformer aux règles".
Pour ce qui est du financement des universités, il est d’avis qu’il "faut financer l’enseignement supérieur pour avoir un enseignement de qualité parce que cela permet d’élargir la capacité des universités et d’éviter également la fuite des cerveaux". Mais, a-t-il estimé, "il faut une coopération pour mettre en place des ressources nécessaires permettant d’avoir des projets qui soient viables sans compter seulement sur l’assistance extérieure".
"Il y a un très grand nombre d'universités qui se créent parce que le besoin est là. Les gens sont prêts à payer pour leur éducation et le secteur privé attirant les étudiants qui ont les moyens de payer. Les parents payent plus pour l’enseignement secondaire mais s’attendent à un enseignement supérieur gratuit. C’est pour cela que les gouvernements doivent investir dans l’enseignement supérieur pour que le niveau soit le même dans le public et dans le privé", a-t-expliqué.
Souleymane Bachir Diagne de Columbia university, pour sa part, a soutenu que l’enseignement supérieur est devenu le reflet des inégalités sociales et pour lutter contre ces inégalités il faut consolider les universités publiques pour que les moins nantis puissent bénéficier d’un enseignement supérieur de qualité".
"Il faut aussi un engagement sur l'enseignement en ligne qui n’est pas un enseignement par défaut", a-t-il ajouté avant de souligner que "le développement des technologies est tel que l’enseignement supérieur virtuel est parfois plus efficace que l’enseignement supérieur traditionnel et il faut une capacité d’innovation pour que nos universités jouent leur véritables rôles dans l’émergence de notre continent".
Photo:Présidence / L’ancien secrétaire général de l’Organisation des nations unies, Kofi Annan