Les dessous de la rencontre avec Aïchatou Mindaoudou. Le président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro, doit régler une bonne fois pour toutes la situation des ex-combattants. C'est ainsi que l'on pourrait résumer le message que la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONUCI, Aïchatou Mindaoudou Souleymane, est allée passer à M. Soro, le lundi dernier 12 août 2013 à son cabinet sis à l'Assemblée nationale au Plateau.
Selon le blog du chef du Parlement, guillaumesoro.com, la patronne de la mission onusienne a réaffirmé « la disponibilité de l'ONUCI à accompagner la Côte d'Ivoire ». Mais aussi, elle lui a indiqué que « quatre grands dossiers » sont au cœur de son action dans le pays, relativement au mandat que lui a confié le Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'agit de « la protection des civils, la réforme du secteur de la sécurité, le processus du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (DDR), et la réinsertion des ex-combattants ».
Ce dernier volet aurait été, selon nos sources, le principal sujet au centre des échanges entre Aïchatou Mindaoudou Souleymane et Guillaume Kigbafori Soro. Celui-ci est fortement critiqué depuis un moment par des ex-combattants proches du pouvoir actuel. Un courrier a même été déposé récemment auprès des services de la patronne de l'ONUCI, invitant la Cour pénale internationale (CPI) à engager des poursuites judiciaires contre le chef du Parlement ivoirien pour les crimes que les ex-rebelles dont il a été le chef pendant plusieurs années, ont commis pendant la crise depuis 2002. « Je suis venue formellement informer le Président de l’Assemblée nationale que j’ai pris fonction et que je suis là dans l’exercice de mon mandat. Un mandat qui m’a été conféré par le Conseil de sécurité pour accompagner la Côte d’Ivoire pour un retour à la normale », a-t-elle déclaré, soulignant qu'elle veut travailler avec toutes « les parties ivoiriennes dans le processus de réconciliation nationale, le dialogue politique, le retour à la paix et dans toutes les réformes dans la perspective des élections qui vont se tenir en 2015 ».
Nos sources indiquent par ailleurs que la remplaçante de Bert Koenders à la tête de l'ONUCI, qui tient à promouvoir les droits de l'homme dans le pays, aurait suggéré à Guillaume Soro de négocier avec les ex-combattants, principalement ceux d'Abobo qui ont décidé de prendre leur destin en main. Elle lui aurait fait comprendre que 80 % de son mandat est consacré à la réinsertion de ces ex-combattants qui pourraient constituer une réelle menace pour la stabilité du pays, s'ils ne sont pas canalisés.
Ainsi, aurait-elle préconisé que les ex-combattants soient impliqués franchement dans le processus de réinsertion. Et le chef du Parlement ivoirien, patron de l'ex-rébellion, qui connait mieux ces ex-combattants, est invité à engager des démarches dans ce sens.
Hervé KPODION
Soulèvements à répétition des ex-combattants: L'ONU met la pression sur Soro - Photo à titre d'illustration