Un article posté sur internet et portant sur la succession du président Alassane Ouattara à la tête du Rassemblement des Républicains (RDR), a créé le buzz hier jeudi 21 novembre.
L'article fait cas d'une rencontre tenue dans le plus grand secret le lundi 11 novembre en France, lors du voyage inattendu du chef de l’État dans ce pays. En présence de ses plus fidèles collaborateurs, dont Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko, son jeune frère Birahima Téné dit photocopie, Henriette Dagri Diabaté et la première dame, Ouattara aurait demandé à Hamed Bakayoko de se retirer de la course à sa succession au RDR au profit de Guillaume Soro, son dauphin constitutionnel. Vrai au faux ?
En tout cas, cet article fait l'objet d'interprétations diverses depuis sa publication. Il a surtout eu le chic de remettre sur la table, la bataille pour la succession d'Alassane Ouattara que se livrent les deux '' jeunes loups aux longues dents '', en l'occurrence Guillaume Soro et Hamed Bakayoko. Le partage de l'héritage entre ces deux piliers du régime a tout l'air d'une bombe à retardement que le président Ouattara tient entre ses mains. Et il ne l'ignore du reste pas.
Interrogé par le confrère '' Jeune Afrique '' sur cette guerre de succession que se livrent ses deux collaborateurs, voici ce que le chef de l’État a répondu : « La presse ivoirienne, comme la presse en général, a parfois beaucoup d'imagination. En l'occurrence, je les connais bien tous les deux, et s'il y a eu des incompréhensions, elles ont été réglées ». Preuves que Hamed et Guillaume n'ont pas toujours eu les atomes crochus. A qui céder cependant le fauteuil ? Ouattara a-t-il vraiment porté son choix sur Guillaume Soro pour lui succéder à la tête du RDR ?
Dans la case des républicains, c'est une question qui ne se pose pas. « Le RDR est organisé et rigoureux, le parti a des textes qui régissent son fonctionnement. J'ai aussi appris cette information, mais je pense que ce sont des rumeurs. Qu'il y ait des velléités de succession, cela est tout à fait normal, mais tout va se faire selon les textes du RDR », a indiqué le porte-parole principal du parti au pouvoir, le ministre Joël N'guessan.
Dans le camp du ministre d'Etat, Hamed Bakayoko, on avance qu'il n'a nullement été question d'une quelconque réunion en France pour décider de qui va succéder au président Ouattara. « D'ailleurs, je peux vous dire que le ministre n'a jamais été à Paris à cette période pour assister à une réunion. Et puis, ce n'est même pas le moment de parler de ces choses-là », a martelé un proche collaborateur du ministre Bakayoko, sous le sceau de l'anonymat.
Du côté de Soro, l'on se réjouit d'une telle éventualité, même si on ne laisse pas éclater la joie ou encore on feint de cracher sur l'offre. « Pour ce qui est de la succession à la tête du RDR, je n'en sais rien. Mais une chose est cependant sûre, c'est que la direction nationale de campagne du président Alassane Ouattara en 2015 est un acquis pour nous.
Nous disons d'ailleurs que si Ouattara choisit une personne autre que Soro, il n'ira nulle part », a dit notre interlocuteur, avant de préciser que même dans le cadre de la coalition RHDP, Soro reste le cheval gagnant. « Pour que Soro soit d'ailleurs à la tête du Parlement, ce fut après un accord entre les présidents Bédié et Ouattara », ajoute ce proche du président de l'Assemblée nationale. « C'est une situation invraisemblable », pense-t-on, à contrario, dans les couloirs de la présidence de la République.
Pour ce collaborateur du président Ouattara, il est possible que soit reconduit en 2015, le schéma gagnant du RHDP comme ce fut le cas au second tour en 2010. « Comment Soro pourrait-il alors être le directeur de campagne ? ». S'agissant de l'entrée de Soro à la direction du RDR, il souligne qu'il ne fait aucun doute que le président de l'Assemblé nationale, deuxième personnalité de l’État, va y occuper un poste important.
Hamadou ZIAO
Succession de Ouattara : Le choix de Soro divise - Photo à titre d'illustration